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Une centaine de personnes ont pris part à une manifestation d’appui aux chefs héréditaires Wet’suwet’en à Mashteuiatsh. Photo Radio-Canada/Priscilla Plamondon-Lalancette

Manif innue et érection de barrages routiers

Jeudi le 20 février (Le Devoir), Amnistie internationale s’engage dans le combat pour la vérité grâce à une prise de position de France-Isabelle Langlois, sa directrice générale.

Samedi le 22 février, une centaine de manifestants innus de Mashteuiatsh et de L’Anse-Saint-Jean marchent en opposition aux projets Gazoduq et Énergie Saguenay : la conduite souterraine acheminant du gaz naturel entre l’Ontario et le Saguenay-Lac-Saint-Jean, si elle était construite, passerait sur leur territoire ancestral. « Respecte notre existence ou attends-toi à notre RÉSISTANCE » peut-on lire sur la pancarte de tête portée par deux enfants déterminés de cette communauté établie sur la rive ouest du lac Saint-Jean. «On veut envoyer un message de solidarité envers les Wet’suwet’en. C’est une manifestation pacifique pour la protection de la mère Terre. On n’hérite pas de la terre de nos ancêtres, on emprunte celle de nos petits-enfants », déclare Marie-Andrée Gill, organisatrice de la manifestation, à laquelle se sont joints des représentants écologistes de la Coalition Fjord opposée au gazoduc, comme le sont les chefs héréditaires Wet’suwet’en envers la Coastal Gas Link chez eux en Colombie-Britannique.

Mais les 24 et 25 février, après l’intervention policière en Ontario, des barrages autochtones se sont élevés en plusieurs endroits routiers et ferroviaires du Canada (Listuguj, Lennoxville, Kanesatake, Kahnawake, Hamilton, port de Vancouver, Victoria …) toujours en solidarité avec les Wet’suwet’en. Ces actions de protestations ne craignent pas de parfois contredire des mots d’ordre lancés par des conseils de bandes financés par le pouvoir canadien, un autre exemple de luttes de classe à l’intérieur des communautés, le combat « grassroot » étant mené surtout par les femmes, plus exposées à la violence.

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Un demi-millier de contestataires ont marché dans les rues d’Ottawa le 24 février en solidarité avec les chefs héréditaires Wet’suwet’en. Photographie par Andrew Meade (Hilltimes).

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OBTEMPÉRER ne veut pas dire CONSENTIR : solidarité avec Wet’suwet’en, clame cette manifestante isolée parmi un groupe à grande majorité masculine en Saskatchewan.

Université Bishop’s – Champlain College

À l’invitation de la jeune autochtone Shawna Jerome d’Indigenous Cultural Alliance, je me suis rendu lundi soir à l’Université Bishop’s en soutien d’une campagne conjointe menée par des étudiantEs du collège Champlain et de l’université. Il s’agit de la pan-canadienne Moose Hide Campaign, fondée il y a dix ans en Colombie Britannique par un chasseur et sa fille de retour d’une chasse à l’orignal, réalisant qu’ils se trouvaient sur la Highway of Tears, ou autoroute des larmes, ainsi baptisée après l’enlèvement, le viol, la disparition ou la mort d’une centaine de femmes surtout autochtones. Le souci ambitieux de Paul et Raven Lacerte fut dès lors de désamorcer la violence qui mine non seulement les relations entre blancs et autochtones, mais celles entre les deux sexes. Leur symbole d’épinglette en cuir d’orignal est porté entre autres par le ministre Marc Miller, plus porté à encourager des gestes individuels qu’à embrasser la lutte légitime autochtone.

grassroot_4Deux jeunes hommes autochtones de grande stature animaient la rencontre en relayant un bâton de parole et en ramenant la prise de parole démocratique accordée à tous et toutes au but que poursuivent les fondateurs de la Moose Hide Campaign : libérer la parole des hommes, autant victimes de la violence subie à l’intérieur des réserves ou soumise aux discours racistes de certains profs d’écoles. Mais leur bonne volonté était manifestement ébranlée par le fait que cette campagne, financée par le gouvernement du Canada mais sans soutien des autorités des institutions concernées (sauf la présence d’unE prof de chacune), n’ait abouti, après une semaine de travail de relations publiques tant au Cégep qu’à l’université, qu’à un rassemblement de douze femmes et huit hommes : pouvait-il en être autrement dans l’actualité dominée par une violence coloniale, thème abordé par une intervenante, renchéri par mes interventions ?

S’il ne faut pas dénigrer cet effort de parole libre exercé pendant deux heures, après une marche d’une demi-heure sur le campus universitaire, force est de reconnaître que la conscience du colonialisme canadien n’est pas répandue dans cette enclave-de-classe-privilégiée-anglo-hors-Québec (Ivy-league Bishop’s), que des jeunes autochtones tentent courageusement de fissurer (There’s a crack in everything, that’s how the light gets in : Leonard Cohen).

Ce combat de classe «grassroot » vs élite se lisait aussi dans l’intervention pratique en fin de rencontre d’une jeune cégépienne autochtone qui voudrait simplement voir dans les classes des chaises mobiles pouvant se déployer en cercles, mode qui privilégie la transmission d’une parole libre, non pas ex cathedra mais communiquée démocratiquement, comme le sont depuis toujours les pow wow autochtones, et comme le fut notre échange d’hier soir. La cégépienne, qui se déclare pessimiste quant à la volonté de changement de l’institution où ses études la mènent, mérite notre appui entier. Par rapport au surréaliste pas en arrière franchi lundi par les députés conservateurs ontariens qui ont voté pour ramener chaque semaine le god save the queen pour se démarquer des « sauvages », constatons que la démocratie canadienne part de très loin, mais que chaque petit pas en avant compte !

Deux informations positives en consolation

Une grande, partagée par Lucie Massé :

Des organisations québécoises membres du Front commun pour la transition énergétique se déclarent officiellement solidaires du peuple Wet’suwet’en le 24 février. Les Artistes pour la Paix appuient le Front commun.

Une petite, pas très rapport :

Notre article (+ Gordon Edwards et Michel Duguay qui a communiqué la nouvelle) sur la supercherie des petits réacteurs nucléaires modulaires auxquels les gouvernements conservateurs (c’est ça, le rapport) de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Saskatchewan veulent gaspiller des dizaines de millions de $ a été repris par le numéro du 23 février 2020 de Beyond Nuclear International, un honneur ! En voici les coordonnées :
https://beyondnuclearinternational.org/2020/02/23/lets-call-smrs-what-they-are/

On le trouvait aussi en français sur notre site APLP et dans l’Aut’Journal :
http://lautjournal.info/20191206/reacteurs-modulaires-nucleaires-une-chimere