
Nadino Calapucha, Claudette Labonté, Carmen Josse et José Gregorio Díaz Mirabal lors de la conférence de presse de Amazonie poiur la Vie. Photo Getty
José Gregorio Díaz Mirabal, membre du peuple Wakuenai Kurripaco du Venezuela et directeur du Congrès des organisations autochtones du bassin de l’Amazone (COICA), lutte depuis des années pour se faire entendre. « Moins de 1% des fonds investis dans la sauvegarde des milieux intacts aboutit dans nos communautés, car l’argent va à des consultants qui ne font que nous expliquer comment protéger ce que nous protégeons déjà. Alors, nous voulons être entendus et nous prévaloir de nos droit de vote ».
Pas surprenant, donc, que la campagne de l’Union ait pour but de sauvegarder 80% de la forêt amazonienne. Des délégués venus du monde entier voteront cette semaine sur des propositions de politiques et de dépenses, qui devraient définir les stratégies pour les années à venir. La coalition Amazone pour la Vie du COICA demande que 80% de la forêt amazonienne soit protégée d’ici 2025, comparé à 45% en ce moment. Elle demande aussi que la totalité des territoires autochtones soient reconnus, et l’interdiction des activités minières sur ces territoires.
Pas une mince affaire quand on considère que 212 activistes pour l’environnement ont été assassinés en 2019, dont 40% d’autochtones. « Les scientifiques disent que les territoires autochtones sont les mieux conservés, mais c’est nous qui avons le plus grand nombre de meurtres » dit Diaz Maribal. Une situation que les politiques de terre brûlée (au sens littéral) de Jair Bolsonaro ne font qu’envenimer.
Le congrès offre une plateforme aux scientifiques et aux activistes, mais permet aussi aux décideurs de définir les prochains Accords de Paris pour la nature devant être discutés à la Cop15 (15e Conference of Parties) à Kunming en Chine l’année prochaine. Le thème principal de ces accords : sauvegarder 30% de la biodiversité mondiale d’ici 2030, soit la cible du 30X30.

3000 manifestants à Marseille. Photo AFP
La veille du congrès de UICN, les représentant autochtones et des scientifiques de 18 pays se sont réunis à Marseille pour un contre-sommet, réclamant que les territoires autochtones soient au coeur des stratégies de conservation. Plus de 3000 personnes ont pris part à cette réunion et aux manifestations dans Marseille. Mordecai Ogada, directeur de Conservation Solutions Afrika : « La cible 30X30, c’est bien joli, mais il faut revoir la définition des territoires protégés, et aussi raffiner les modèles de conservation de la biodiversité. Mais les grosses organisations trouvent ça difficile d’adapter ou modifier leurs structures ».
Francisco Ramiro Batzin Chojoj, représentant l’organisation autochtone Sotz’il, basée au Guatemala : « La cible 30X30 est fondamentale, et les peuples autochtones doivent participer aux discussions, c’est essentiel ».
Le dernier rapport de l’ONU sur l’environnement et les droits de la personne, publié le mois dernier, insiste sur le fait qu’il faut abandonner l’ancien modèle de protection de l’environnement pour tenir compte de l’apport des peuples autochtones, les vrais experts.