
Viktor Orban assis à côté de Gauthier Destenay lors du banquet de l’OTAN.
À mon avis, ce responsable espagnol du Protocole mérite le titre d’Artiste pour la Paix pour cette ingénieuse et imparable façon de souligner la Semaine de la Fierté, en marge du Sommet.
Voici un résumé de la dernière sauterie de nos vaillants remparts de la civilisation occidentale réunis en Sommet à Madrid. Tout a commencé par une manifestation contre l’OTAN.

Manif contre l’OTAN dans les rues de Madrid.
Lors de la conférence de presse de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, on a appris que les troupes déployées en Europe atteindront bientôt 300 000 soldats. Il s’agit de la Force de réaction (FRO/NRF), qui en compte en ce moment 40 000. On envisage donc de la multiplier par huit. Tout cela dans le cadre de la nouvelle politique de Concept stratégique 2022 de l’OTAN qui désigne la Russie comme principale menace à la sécurité des pays membres. Ce concept pointe aussi du doigt la Chine, au lieu de rechercher le dialogue, ce qui est une nouveauté. La Chine a aussitôt dénoncé cette « mentalité de guerre froide ».
Les troupes déployées à la frontière orientale de l’OTAN seront renforcées pour atteindre de 3000 à 5000 soldats, avec de l’armement mobile lourd. Le Canada assigne 3400 soldats à la Force de réponse et envoie des troupes supplémentaires en Lettonie. Le Royaume-Uni dépêchera un de ses deux nouveaux portes-avions au large de l’Estonie et ajoutera 1000 soldats aux 1700 qui y sont déjà postés. Les États-Unis enverront 3000 soldats en Roumanie, deux escadrilles de F-35 au Royaume-Uni et deux destroyers en Espagne.
La Suède et la Finlande seront officiellement invitées à se joindre à l’OTAN, ce qui marque la fin de la neutralité de ces pays. Ils se sont entendus avec la Turquie, qui était réticente à les accepter, au dépends du PKK Kurde que la Turquie traite en terroristes. Les parlements des 30 pays membres doivent maintenant approuver l’acceptation de la Suède et de la Finlande. On se rend compte que l’expansionnisme de l’OTAN a le vent dans les voiles, car l’Australie, la Corée du Sud, le Japon et la Nouvelle-Zélande assistaient au Sommet pour la première fois. L’augmentation des dépenses militaires est prévisible, car selon Jens Stoltenberg, « la cible de 2% du PIB en budgets militaires est devenu un plancher, pas un plafond ».
Le Canada consacre en ce moment 1,27% de son PIB aux militaires, avec une augmentation prévue à 1,32%. Plutôt que de chercher à atteindre le 2% – heureusement pas un objectf dans l’immédiat – ne devrait-il pas saisir l’occasion de démilitariser une fois pour toute ? Le Canada n’est pas, et ne sera jamais une méga-puissance militaire. Il n’est pas du tout équippé pour la guerre. Les forces armées ne comptent que 65 000 soldats réguliers et 30 000 réservistes.
Par exemple, aucune défense anti-aérienne ne serait disponible pour protéger un déploiement d’infanterie. Pour cela, nous nous en remettons à nos alliés (i.e. les américains). Quant aux nouvelles frégates, on hésite à les déployer parce que le navire de ravitaillement Astérix ne dispose pas de systèmes de défense adéquats. Idem pour les chasseurs CF-18 qui, à l’âge vénérable de 40 ans, sont vulnérables aux missiles russes S-400.

Le MV Astérix, fleuron des chantiers navals Davies, apprivisionne les frégates chilienne Admirante Lynch et indienne Sahyadri lors de l’exercice RIMPAC le 28 juillet 2018. Photo : U.S. Navy.

Le vice-amiral Scott Bishop
Mais nous avons aussi notre lot de va-t-en guerre : le vice-amiral Scott Bishop, qui représente le Canada à l’OTAN, déclarait devant un Comité des Communes mercredi que le vieux matériel n’empêche pas l’armée de remplir ses missions, « même que nos alliés nous félicitent; nous pouvons tenir nos promesses à l’OTAN sans problème ». La ministre Anita Anand répété la même chose de son côté, alors que Justin Trudeau annonçait l’envoi en Ukraine de 39 blindés légers tous frais fabriqués par General Dynamics – les mêmes Jeeps (dixit notre P.-m.) si populaires en l’Arabie Saoudite.
Le PIB de Canada était de 1 645 423 407 568 $ en 2020 (en dollars U.S. constants). Imaginons le nombre de problèmes qu’on pourrait régler en aiguillant 1,27% de cette somme vers autre chose que de la quicaillerie militaire…
Excellente synthèse de la spirale militariste qui gagne les pays occidentaux! La stratégie globale vise à préparer la guerre, pas à bâtir la paix.
Avec ses chaloupes et ses baguettes comme avirons, le Canada pourrait effectivement contribuer à la paix plutôt que de prétendre avoir les moyens de guerroyer sur les champs de bataille des grands…
Bravo à Christian qui dénonce cette orgie de dépenses militaires qui emballe l’inflation et freine toute l’aide sociale dont toutes les générations canadiennes ont besoin, sans compter l’arrêt de notre nécessaire lutte contre le réchauffement climatique, par les pipelines acheminant le pétrole aux armées. Et nos livraisons d’armes continuelles à l’Ukraine mettent en danger accru les Ukrainiens que leur président irresponsable appelle à « résister ». Les pacifistes ukrainiens dénoncent toute « l’aide militaire occidentale » comme contreproductive car elle les persuade de résister et de sacrifier des milliers de vies humaines (pour des années, déclare Stoltenberg chef de l’OTAN), au lieu de trouver un terrain d’entente avec leur population russophone du Donbass. Zelensky ne craint rien: il a son appartement à Londres.