Alexander Malofeev

Tel est le titre d’un article du journal Le Devoir du 9 mars. Aujourd’hui donc, je n’ai pas le cœur à la poésie, mais plutôt au désenchantement devant la confusion sur l’esprit de la guerre qui, en quelques jours, s’est imposée sans nuances, à la vitesse de l’invasion, partout dans les esprits, les cœurs… et les institutions, dont l’OSM. La culture de la paix n’est pas une utopie, mais un développement de la pensée à cultiver.

Le jugement et l’explication sibylline de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) surprennent et déçoivent: « « L’OSM estime qu’il serait inapproprié d’accueillir M. Malofeev cette semaine. Nous continuons toutefois de croire qu’il est important de maintenir nos relations avec des artistes, quelle que soit leur nationalité, qui portent des messages de paix et d’espoir… » Alors ? Dommage que l’OSM se soit enferré dans la logique de la culture du bannissement systématique sans nuances lorsqu’il s’agit d’un.e artiste d’origine russe alors que ce jeune virtuose déclare sa bonne foi publiquement par ses déclarations : « Honnêtement, la seule chose que je peux faire en ce moment est de prier et de pleurer. Il semblerait qu’il y ait des conclusions évidentes : aucun problème ne peut se régler dans la guerre, les gens ne peuvent pas être jugés par leur nationalité. » (…) « Je me sens très mal à l’aise à ce sujet et je crois aussi que cela peut affecter ma famille en Russie. Je crois toujours que la culture russe, la musique en particulier, ne devrait pas être ternie par une telle tragédie, même s’il est impossible de rester à côté en ce moment. » Il ajoute : « tout ce que je sais, c’est que répandre la haine ne va pas améliorer la situation, mais seulement causer encore plus de souffrance ». Sa courageuse déclaration pacifique ne semble pas compter pour les dirigeants de l’OSM.

Par son propos, le jeune pianiste Alexander Malofeev traduit sa foi en la paix et exprime sa désespérance, ce que les dirigeant.e.s de l’OSM ne semblent pas comprendre. On fait preuve d’inconsistance. Si l’entreprise croit vraiment ce qu’elle affirme en déclarant supporter les messages de paix et d’espoir, elle donnerait la chance à Alexander Malofeev d’exprimer la paix par son art. Au lieu de jeter l’anathème sur un artiste qui dénonce cette guerre, et considérant les difficultés des artistes russes à exprimer leur opposition dans leur pays, un organisme respectable comme l’OSM devrait accorder son soutien à cet artiste. Si certain.e.s artistes russes soutiennent le gouvernement de Poutine, qu’ils.elles assument leur position, mais ceux et celles qui s’opposent à cette guerre soit respecté.e.s et qu’on les laisse contribuer à leur effort de paix. C’est aussi significatif et névralgique dans la promotion de la paix de dénoncer l’agression russe et de soutenir la population ukrainienne, ainsi que tous ceux et toutes celles qui, comme Alexander Malofeev partout dans le monde, et en premier lieu en Russie, manifestent contre la nomenklatura russe. Ce serait faire œuvre utile pour la promotion de la paix que de cesser de nourrir les stéréotypes discriminatoires généralisés contre les artistes russes qui font acte de foi pour la paix.

L’OSM pourrait contribuer à bâtir une culture de la paix au lieu de se plier bêtement aux diktats antirusses de la propagande ambiante…