
Le sous-marin nucléaire USS Tennessee
Nous avions déjà décrit ces ogives dans un article précédent : W76-2, l’avenir de l’humanité. Elles sont l’équivalent de cinq kilotonnes d’explosifs, soit le tiers de la puissance de la bombe larguée sur Hiroshima en 1945. Contrairement aux ogives classiques, elle n’a pas été conçue comme moyen de dissuasion, mais comme arme offensive. Avec cette arme, l’impensable devient envisageable.
Les armes nucléaire à potentiel de destruction « limité » ne sont pas chose neuve : il y en a eu dans les bombes aéroportées, missiles de croisière et autres obus à longue portée. Mais elles avaient été éliminées par les traités de désarmement des années 90.

La première ogive W76-2 fabriquée à l’usine Pantex à Amarillo, Texas.
Le président Trump a présenté l’ogive W76-2 comme une arme de dissuasion contre la Russie, mais la menace russe aurait été largement exagérée par le Pentagone. La Nuclear Posture Review américaine prétend que son adversaire a déployé des armes nucléaires tactiques, mais dans les faits, la Russie à diminué son arsenal nucléaire depuis 10 ans, en nombre total d’ogives.
L’argument en faveur les nouvelles ogives était le suivant : la Russie fabrique des armes nucléaires non-stratégiques qu’elle pourrait décider d’utiliser lors d’offensives, alors donnez-nous des sous pour en fabriquer nous aussi. Ce qui rejoint le raisonnement de Trump en 2017 : « À quoi ça sert d’avoir des armes nucléaires si on ne peut s’en servir ? »
Trump dispose désormais d’armes à empreinte réduite utilisables tactiquement sur le terrain, et il a déclaré qu’il serait envisageable de s’en servir « pour riposter à des attaques stratégiques non-nucléaires signifiantes contre les États-Unis, ses alliés ou ses infrastructures ». Autrement dit, il pourrait balancer quelques W76-2 sur un pays non-nucléaire. Ceci réjouit les conseillers va-t-en-guerre du président qui voient les règles d’engagement modifiées en faveur d’une intervention nucléaire.
Trump avait commandé les nouvelles ogives en 2018, qui devaient être rétro-compatibles avec les missiles embarqués Trident. Leur déploiement à bord de l’USS Tennessee survient cinq mois après le retrait des États-Unis du traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire de 1987.
Mines anti-personnel
Selon CNN, qui cite plusieurs sources au sein du ministère de la Défense américain, l’administration Trump se prépare à modifier les règles encadrant l’usage des mines antipersonnel, en annulant l’ordre présidentiel émis par Obama en 2014. Cet ordre limitait l’usage des mines par les États-Unis à la péninsule coréenne.
Plus de 160 pays ont ratifié le Traité sur l’interdiction des mines antipersonnel de 1997, aussi connu sous le nom de Traité d’Ottawa, qui interdit la fabrication, le stockage et l’usage des mines antipersonnel. Les États-Unis sont parmi les 32 pays membres de l’ONU à ne pas l’avoir ratifié.
Toujours selon CNN, la nouvelle politique remettrait la responsabilité de l’usage de mines entre les mains des officiers d’état-major. Les mines devront être équipées de dispositifs d’auto-destruction ou de désactivation qui limiteront leur vie utile à 30 jours.
Medea Benjamin du groupe CodePink a ainsi réagi : « So horrific that after decades of international efforts to rid the world of landmines, Trump is about to make landmines great again by loosening restrictions on their use. »
Les APLP suivent ce dossier depuis longtemps. Mis en branle par Jean Chrétien, Lloyd Axworthy et Mines Action Canada, le Traité d’Ottawa a été ensuite saboté par le gouvernement Conservateur surtout à cause des bombes à sous-munitions que Mines Action Canada voulait intégrer au texte. Il a fallu qu’Oslo s’en mêle, avec tout le retard que cela a impliqué pour les signatures des pays, le grenouillage des USA et l’opposition tout au long du mandat de Harper (2006-2015), pour finalement entrer en vigueur en mars 1999.
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