
Toussaint Louverture
1791 : début de la révolte des esclaves, menée par Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe. Cela prendra 13 ans, mais Haïti s’affranchira du joug colonial français et de l’esclavage, et deviendra la première république noire. La révolution haïtienne alarma les américains – à cette époque, un habitant sur 5 y est un esclave – et le président Washington offrit à la France « toute l’aide possible pour contenir cette inquiétante insurrection des Noirs ».
Au lieu d’encoutager cette révolution qui cadrait avec les grandes théories égalitaires des États-Unis, ceux-ci refusèrent de reconnaître le nouvel État haïtien, allant même jusqu’à soutenir la France lorsuq’elle réclama à Haiti un énorme dédomagement, une dette écrasante qui pèse sur le pays jusqu’à ce jour.
Envers et contre tous, Haïti réussit à préserver son indépendance pendant 116 ans, jusqu’à ce que le président américain Wilson décide d’envahir l’île « pour y maintenir la stabilité », après l’asassinat du président Jean Vilbrun Guillaume Sam.
1915 : les Marines débarquèrent à Port-au-Prince, et les américains instaurèrent le travail forcé, la ségrégation et détournèrent une bonne partie des finances au profit des banques de New York. Le troupes américaines ne se retirèrent qu’en 1934. Par la suite, les États-Unis épaulèrent les dictateurs Papa Doc et Baby Doc Duvalier de funeste mémoire.
Jean-Bertrand Aristide fut élu président aux élections de 1990. Moins d’un an plus tard, il fut renversé par un coup d’état militaire, soutenu par la CIA. En 1994, le Conseil de sécurité des Nations-Unies autorisa une occupation militaire sous l’égide américaine afin de « restaurer la démocratie ». Le président Clinton envoya donc 25 000 soldats en Haïti, avec l’appui de Brian Mulroney, et Aristide revint au pouvoir. Le brigadier-général canadien Daigle prit d’ailleurs le commandement de la mission de l’ONU en 1996. Mais sous George W. Bush, les États-Unis s’acharnèrent contre Aristide, jusqu’au putsch de 2004. Le rôle du Canada lors de ce putsch est pour le moins discutable, mais on se souviendra que notre gouverneure-générale représentait le Canada lors de l’inauguration du président Préval, et que Stephen Harper alla se faire photographier à Cité-Soleil en 2007. Il est révélateur de noter que le Canada n’ouvrit de relation diplomatique avec Haïti qu’en 1954, à peine 3 ans avant le début du régime Duvalier.
Depuis 2004, on a vu une succession de politiciens sans réelle envergure se bousculer au pouvoir. Cela fait bien l’affaire des États-Unis, de la France et aussi du Canada, pour qui il est plus facile de contrôler des dirigeants qui n’ont pas un grand support de la population.
Certains hawks américains seraient tentés de refaire le coup de l’invasion de Grenade (1983) mais ils se doutent que l’opinion de pencherait pas en leur faveur. D’un autre côté, à quoi va-t-on occuper tous les militaires de retour d’Afghanistan ?
Ce dont Haïti a le plus besoin, c’est de rétablir les services publics, ramener un gouvernement fonctionnel, endiguer la corruption et mettre fin à la guerre de gangs qui paralyse une partie du pays. On se doute que Justin Trudeau va nous « assurer qu’on va travailler très fort » mais sera-t-il prêt à dégager les milliards nécessaires et mobiliser assez de ressources pour vraiment faire une différence ? La stratégie récente d’acheminer les fonds vers les ONG plutôt que vers le gouvernement haïtien ne fonctionne pas si mal, mais les sommes sont dérisoires par rapport aux besoins.
On pourrait, par exemple, annuler la fabrication d’une des nouvelles frégates en chantier chez Irving, ce qui libérerait assez d’argent pour booster l’économie d’Haïti. Côté politique, la solution passe évidemment par la non-ingérence des Etats-Unis, si une telle chose est envisageable. Peut-être Joe Biden sera-t-il assez occupé avec la Chine pour laisser Haïti tranquille.
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