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Le Secrétaire général de l’ONU à Boutcha. Photo : Sergei Supinsky / AFP

Points de vue mal reflétés ou carrément ignorés par nos médias [1]

L’OTAN est devenue LA référence canadienne; car « l’Ukraine peut GAGNER la guerre ! Go, go ! » affirme le secrétaire d’État américain Blinken dont la visite à Kyiv a reçu une large couverture médiatique. Quant à l’ONU, les visites du Secrétaire général Antonio Guterres à Moscou et à Kyiv, poursuivies à Boutcha, Irpin et Borodianka, théâtres d’exactions imputées à l’armée russe, sont raillées comme inutiles, avant même leurs conclusions. Pourtant, la diplomatie, contrairement à la guerre, exige du temps.

M. Guterres est sûrement au courant d’allégations de tortures et d’exécutions de maires ukrainiens aux mains de factions nazies ukrainiennes qu’on trouve détaillées sur le document suivant produit par le journaliste Max Blumenthal [2]. Les APLP ne peuvent l’endosser en le traduisant et en le publiant, notre pacifisme répugnant à alimenter la haine en montrant des atrocités. Celles-ci ne sont commises (bien sûr !) que par les Russes, selon nos médias propagandistes, y compris Céline Galipeau de Radio-Canada. Néanmoins, voici les coordonnées de ce document très dur [3] obtenu de Science for Peace [4] dont le président professeur à l’Université de Toronto, Dr Richard Sandbrook, avertit Pierre Jasmin qui en est membre, « ne pas avoir l’expertise pour juger ces allégations inquiétantes contre Zelensky. Le temps nous le dira ». Sage conseil que nous suivons.

L’appel à une enquête approfondie de la Cour Pénale Internationale bafoué par nos députés

Court-circuitant le Secrétaire général de l’ONU qui a appelé hier à « une enquête approfondie de la Cour Pénale internationale en demandant à la Fédération de Russie de l’appuyer », les élus de la Chambre des communes ont adopté à l’unanimité une motion qui « reconnaît que la Fédération de Russie commet des actes de génocide contre le peuple ukrainien »; exactement comme ils l’avaient fait sur la base d’un rapport de la CIA non concluant à propos de la Chine face aux Ouïghours du Xinjiang. La motion fédérale indique que la Russie a commis des « atrocités de masse » et reconnaît « des cas systématiques de meurtre délibéré de civils ukrainiens ». À quoi bon se déclarer en faveur d’une enquête de la Cour Pénale, si on en détermine à l’avance la conclusion, comme l’ont fait à l’égard de la Chine et de la Russie non seulement la Chambre des Communes, mais aussi Amnistie internationale, s’érigeant en juges suprêmes au-dessus de l’ONU ?

De nouvelles sanctions du Canada face à 200 résistants du Donbass

La journaliste « indépendante » belge Christelle Néant, basée à Donetsk, a livré le 27 avril une entrevue de 27 minutes à CKVL (émission régulière de Robin Philpot, le pied à Papineau) en donnant une interprétation objective de la guerre, reflétant les informations que nous avons publiées depuis 2014 sur le Maïdan, grâce au professeur de l’UQAM David Mandel. Elle va jusqu’à reconnaître la corruption du président pro-russe Yanoukovitch qui a motivé la révolution du Maïdan au départ. Mais elle en déplore le détournement par l’influence nazie ukrainienne, encouragée par les États-Unis et le Canada, ces deux pays s’étant ensuite entendus pour torpiller les accords de paix de Minsk négociés par l’ONU. L’objectivité de la journaliste belge se lézarde un peu quand elle accepte de répondre à une question sur les victimes civiles de Boutcha, images fortement utilisées par nos médias, en endossant sans preuves l’explication russe d’un coup monté, alors que la région est hors de son rayon d’action. On trouvera néanmoins ci-dessous l’entrevue [5].

Le Canada a imposé mercredi des sanctions à plus de 200 résistants du Donbass dans l’est de l’Ukraine, accusés d’appuyer la guerre de Vladimir Poutine. Affaires mondiales Canada indique que ses mesures ont visé 11 hauts fonctionnaires et 192 autres membres des conseils populaires des républiques autoproclamées de Louhansk et de Donetsk pour avoir soutenu les attaques russes dans la région. Et ce haut fait d’arme subjectif est justifié par le bureau de la ministre Mélanie Joly imputant à « l’insurrection, les 14 000 morts avant le début de la guerre à grande échelle en Ukraine, le 24 février dernier ». Les séparatistes insurrectionnels auront toujours tort pour le Canada !

Le ministère a imposé des sanctions à plus de 1000 personnes ou entités, qu’elles soient de la Russie, de l’Ukraine ou de la Biélorussie, depuis l’invasion du 24 février, portant à 1400 le nombre total depuis l’annexion de la Crimée en 2014. « Nous recherchons la capacité non seulement de saisir, mais de permettre la confiscation des biens des personnes et entités sanctionnées et de permettre d’indemniser les victimes avec le produit. Ces changements feraient du régime de sanctions du Canada le premier du G7 à permettre ces mesures », s’est enorgueillie la ministre par communiqué. La sénatrice Ratna Omidvar a déposé ce projet de loi actuellement en 3e lecture au Sénat. Sa collègue de la Défense, Anita Anand, sera à Washington plus tard cette semaine pour assister à des réunions en personne avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, au Pentagone. Nul doute que l’objectivité canadienne sortira renforcée de cette loi et de cette rencontre…

L’ancien leader du Parti travailliste britannique

Les dérives militaristes de notre gouvernement rappellent celles du parti socialiste français, heureusement punies (vote de 1.7% des Français au premier tour, favorisant plutôt Mélanchon qui entreprend une solide campagne pour les législatives avec 22% des votes) et plus anciennement celles du premier ministre britannique Blair que le leader travailliste anglais Jeremy Corbyn a tenté d’inverser, en butte aux attaques incessantes des médias. Nous citons ses mots actuels cités par Pressenza, que nos lecteurs trouveront familiers :

« Il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat en Ukraine, suivi d’un retrait des troupes russes et d’un accord entre la Russie et l’Ukraine sur les futurs accords de sécurité. Toutes les guerres se terminent par une négociation, alors pourquoi pas maintenant ? Tout le monde sait que c’est ce qui arrivera un jour ou l’autre. Il n’y a aucune raison de le retarder par des bombardements et des tueries, plus de réfugiés, plus de morts et plus de familles en deuil en Ukraine et en Russie. Mais au lieu d’appeler à la paix, la plupart des nations européennes ont saisi l’occasion pour augmenter les livraisons d’armes, alimenter la machine de guerre et faire grimper le cours des actions des fabricants d’armes. »


[1] Lorsqu’on critique ainsi les médias, on parle des « main stream » et non, par exemple, de l’Aut’Journal qui dans son numéro de mai publie un excellent éditorial de 4 pages par Pierre Dubuc résumant les faits concernant la guerre en Ukraine. Mentionnons aussi les textes de Michel Roche dans L’Action nationale. Le Québec se signale donc par son indépendance… d’esprit.

[2] Il a écrit dans The Nation, New York Times, Los Angeles Times, Al Jazeera, etc

[3] https://www.transcend.org/tms/2022/04/one-less-traitor-zelensky-oversees-campaign-of-assassination-kidnapping-and-torture-of-political-opposition/

[4] Science for Peace – toward a just and sustainable world
A charitable Canadian-based organization of natural scientists, engineers, social scientists, scholars in the humanities and lay people throughout the world that brings together professors, graduate and other students who are concerned about peace, justice and making an environmentally sustainable future: www.scienceforpeace.ca

[5] https://soundcloud.com/le-pied-a-papineau/le-pied-a-papineau-ckvl-christelle-neant-de-donetsk-nous-informe-sur-la-guerre-en-ukraine