zemmour-detritus

L’extrême-droite visqueuse

Le semeur de Zizanie dans l’album de la bande dessinée Astérix le Gaulois, Tullius Detritus – surnoms allemand et portugais de Tullius, Destructivus et Venenus – est ainsi décrit par les éditions Dargaud : « il aurait été difficile de faire plus laid : d’énormes sourcils noirs accentuent son méchant regard. Trapu, chauve, même ses oreilles sont retournées. Quant à ses pieds ? Interminables » …puisqu’il rampe plus qu’il ne marche.

Le célèbre et tant apprécié chroniqueur québécois humoriste Stéphane Laporte l’associait hier à Zemmour, pour sa façon immonde de dresser les Gaulois contre les immigrants arabes et contre eux-mêmes. L’allié idéologique de Mathieu Bock-Côté au Figaro semble avoir influencé des chroniqueurs du Journal de Montréal du samedi 23 octobre [1] qui ont enfourché leurs canassons en dénonciations échevelées des relativement inoffensifs et indéfinissables wokes.

Cela, à un moment crucial pour la démocratie qui voit Donald Trump fonder son propre – façon de parler -, réseau internet appelé TRUTH SOCIAL : il y moussera sa campagne fasciste afin d’amener de nombreux états républicains comme le Texas à resserrer les mesures anti-mexicaines et anti-autochtones, à restreindre les votes des Noirs et à empêcher les malheureuses adolescentes d’interrompre leurs grossesses non désirées, même quand elle est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse.

L’extrême-droite française vise de son côté les musulmans. Et les procès des attentats du 13 novembre et des complices de la décapitation du jeune prof qui accusent en ce moment de nombreux terroristes islamistes des meurtres les plus crapuleux et gratuits alimentent un ressentiment français légitime, dont Zemmour fait son pain et son beurre, même s’il n’a toujours pas officiellement déclaré sa candidature aux présidentielles.

Rappelons qu’il a été condamné une première fois en 2011 pour provocation à la discrimination raciale et en 2018 pour propos haineux contre la communauté musulmane. Ce qui ne l’empêche pas de grimper dans les sondages et certains le voient affronter Emmanuel Macron au deuxième tour.

Notre gauche sinueuse

Les Artistes pour la Paix déplorent la disparition de la gauche unie des camarades Barbara, Guy Béart, Brassens, Brel, Jean Ferrat, Léo Ferré, Brigitte Fontaine, Serge Gainsbourg, Juliette Greco, Boby Lapointe et Anne Sylvestre, une gauche qui s’unissait en dénonçant en chansons rigolotes la violence militariste et machiste. Cette gauche vit encore chez de jeunes grands talents mais ils font peur aux publicistes frileux face aux puissances d’argent qui régissent les outils télévisuels qui font les carrières…

Le Parti socialiste a souffert de la vicieuse stratégie de Mitterrand qui consistait à engranger l’argent des industries militaires en favorisant leurs exportations funestes, de préférence en Afrique et dans les émirats pétroliers. Il souffre aujourd’hui (au secours, Christiane Taubira !) de ne pas dénoncer une France qui s’appauvrit annuellement de dizaines de milliards d’Euros soustraits à l’aide sociale par ses achats de bombes atomiques, porte-avions et sous-marins nucléaires, sans parler des Mirages et missiles qui ont dévasté la Libye, la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak. Les usines qui les produisent s’enrichissent au détriment de vagues de réfugiés musulmans que pourfend la droite sans souci charitable pour ces dizaines de millions de femmes et d’enfants, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Réfugiés de l’ONU. Quand entend-on la gauche évoquer l’ONU que les médias unanimes discréditent au profit du complexe militaro-industriel responsable de ce cercle vicieux ?

La censure par tous les grands médias – sauf l’Humanité, le Canard enchaîné, le Monde Diplomatique et Libération parfois – de toute prise de position pacifiste sensée, laisse le champ libre à la détérioration de notre tissu social et aux discours haineux patriotiques contre les étrangers, la Chine, la Russie et tout ennemi potentiel qui fait saliver nos vendeurs d’armes. Anne Hidalgo appelle même le fauteur de guerres Bernard Henri Lévy à l’aider à définir son éventuelle politique extérieure : on croit rêver! Je tiens un article de sept pages en réserve sur ce triste sire, assimilable au même Détritus. À plus !


[1] Les habituels Joseph Facal et MBC auxquels Denise Bombardier et un auteur étudiant uqamien de la seule lettre ouverte accordée quotidiennement par le journal s’y sont joints à la croisade anti-woke qu’Emmanuelle Latraverse ne semble pas partager.