Mis à jour le 30 septembre 2019
(voir à la suite du texte original)

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Le Sommet à l’ONU, visuellement soigné, mais quels seront les résultats ?

Le secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Gutteres, a convoqué les nations du monde entier au Sommet d’action sur le climat à New York. Il s’agissait de les décider à prendre au sérieux les dangers des changements climatiques, pour qu’elles s’engagent à poser des actions concrètes et efficaces pour enrayer la catastrophe.

Soyons réalistes : les chances pour que ça se produise sont nulles.

Il y aura bien sûr des discours et des promesses. Sous pression de la société civile qui s’éveille et des mouvements de jeunes de plus en plus conscients qu’ils seront les premières victimes de ce désastre environnemental, les leaders jongleront avec des idées : taxe carbone, abandon du charbon, énergie solaire, captation du carbone et bilan carboneutre… Certains seront sincèrement décidés à en mettre en pratique, tout en demandant à quelqu’un d’autre d’en régler la note.

Mais ceci n’est qu’illusion. Le problème est trop imposant, les solutions trop imparfaires et le délai, même si on réglait tout en dix ans, est trop court.

Écoutons le Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques de l’ONU : si la température augmente de 2 degrés, la montée du niveau de la mer engloutira 280 millions d’humains; les séismes en tueront 17 millions; les sécheresses et famines qui suivront en élimineront 231 millions. Sans compter le nombre énorme de réfugiés climatiques.

C’est bien pour ça que l’Accord de Paris de 2015 prévoit un objectif de réduction des GES en 2050 suffisant pour limiter la hausse de température à 1,5 degré. Cela veut dire une réduction de 45% en 2030 et proche de 100% en 2050.

Mais que se passe-t-il en réalité ? L’émission de GES a augmenté chaque année depuis 20 ans, avec un record en 2018. À ce rythme, on atteindra 1,5 degré en 2030 et 2 degrés peu après. On a entendu dans certains médias que le Canada a atteint ses objectifs aux deux-tiers ! Mais dans les faits, nos émissions n’ont baissé que de 2%.

Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, selon le panel de l’ONU, il faudrait appliquer immédiatement des solutions en profondeur dans ces secteurs :

  • la structure énergétique (abandonner tout de suite les énergies fossiles);
  • l’usage du sol (reboiser des terres agricoles);
  • l’urbanisme et le transport (réduire l’usage d’automobiles et le transport aérien);
  • le batiment (convertir les immeubles aux énergies renouvelables);
  • et réduire notre consommation de façon générale.

 

En d’autres termes : la fin de la civilisation du capital telle que nous la connaissons, et sa transformation en un système d’économies locales pré-industrielles et auto-suffisantes, tout ça en 10 ans.

Et même si par miracle on arrivait à réaliser ce plan, il sera probablement trop tard. Depuis qu’on mesure la température globale (1850), les dix années les plus chaudes se sont produites entre 2005 et 2019. Les cinq dernières ont été les plus chaudes, de loin. Ces températures font fondre les calottes glaciaires des pôles ainsi que les glaciers, ce qui diminue la réflection solaire vers l’atmosphère et augmente d’autant le réchauffement terrestre. La fonte du permafrost libère d’énormes quantités de méthane, un GES plus dangereux que le gaz carbonique, ce qui augmente encore les températures à l’échelle de la planète.

La réalité est que nous avons tellement laissé grimper les températures et créé des conditions qui les feront encore augmenter, que rien de ce pourront dire les scientifiques ou l’ONU n’enrayera le réchauffement climatique dans les dix prochaines années, point final.

Quand Greta Thunberg parle d’excinction de masse, elle n’exagère pas. Quand elle met au défi les gouvernements d’agir, ce n’est pas de l’esbrouffe pour les médias. Lors de la manifestation du 27 septembre, plusieurs représentants de ces gouvernements viendront faire bella figura pour les caméras. Il ne faut pas se laisser duper par leur présence en tête du cortège – il sera vraissemblablement très difficile de les approcher, sauf exceptions.

Ces lignes ne se veulent pas alarmistes, puiqu’elles décrivent une réalité prouvée scientifiquement. Elles sont un appel à ne pas se laisser bercer d’illusions, ni par de juteuses promesses électorales, en ces temps où les plus conservateurs se découvrent brusquement des vocations de champions de l’environnement.

Je salue le plan de Valérie Plante pour la ville de Montréal. Il touche tous les domaines à attaquer. Évidement, on a eu droit au concert des « c’est pas réaliste », « ça coûtera ben trop cher » et « on peut pas faire ça ». Mais il est justement temps de se dire qu’on peut y arriver, comme le disait aujourd’hui Dominic Champagne. Il faut que les dirigeants cessent d’avoir peur de ne pas être réélus pour avoir pris des décisions impopulaires mais nécessaires.

Ajout le 30 septembre 2019

Tel que prévu, M. Trudeau a rencontré Greta Thunberg. Elle a du se dire « mais pour qui il seprend ce gars-là ?? ». En effet, M. Trudeau s’est montré d’une rare condescendance, sourire figé et effets de cheveux à l’appui. Il a ensuite annoncé son intention de planter deux milliards d’arbres pour atténuer ses émissions de GES. Magie !!

Problème : oui, les arbres absorbent le Co2. Non, ce n’est pas la solution miracle. Quand on plante un arbre, on retourne le sol, ce qui relâche entre autres du méthane dans l’atmosphère. Ensuite, l’essence qui arrive le plus rapidement à maturité, une variété de peupliers, prend quand même dix ans pour devenir un capteur efficace de gaz carbonique. Les autres arbres prennent entre 20 et 40 ans. En attendant, ils dissipent des micro-particules dans l’air, qui interragissent avec les rayons du soleil, et pas de façon positive pour la température ambiante. Et puis, il n’est pas du tout prouvé que ces milliards d’arbres seront suffisants pour neutraliser les émissions de GES du Canada. En fin de compte, le bilan-carbone de la plantation d’un arbre peut prendre des années à devenir positif.

En résumé : planter 2 milliards d’arbres est un « plaster » géant sur le gigantesque problème de l’émission des GES. Au début, aucun effet positif, et si on est patients, dans 20 ans on verra des résultats. Un conseil : investissez dans des pépinières…

Je ne sais pas où est Greta ce soir, mais elle doit se dire qu’il reste beaucoup, beaucoup de travail à faire. Elle doit espérer que le demi-million de Montréalais-es rencontrés-e-s vendredi ne lâcheront pas.

Le français de Mme May s’est beaucoup amélioré. Son passage à Radio-Canada dimanche soir s’est bien passé. Elle a présenté son côté relax, qu’on a rarement l’occasion de voir au Québec. Son programme conserve une saveur brittano-colombienne, mais on comprend mieux le sens de ses efforts.

Avant, on a eu droit à M. Scheer. Son français est audible tant qu’il s’agit de débiter des phrases longuement répétées, mais incompréhensible quand il doit improviser. On retire de cette entrevue la certitude qu’il est ceinture noire de l’esquive des questions. Je salue l’animateur de TLMEP, qui s’est abstenu de se lever pour lui donner une baffe.

Note : le fonctionnement des arbres capteurs de Co2 est très clairement expliqué dans l’émission Découverte du 29 septembre. Le sujet est traité vers la 25e minute de l’émission, disponible sur Tou.tv.