Magazine L’Humanité Dimanche, France, le jeudi 1er août 2013, page 59

Par Jérémie Ruellan

Alors que la guerre fait toujours partie de notre environnement, médiatique pour certains et malheureusement immédiat pour d’autres, la Fête de l’Huma ouvre une parenthèse artistique et invite à se pencher sur l’idée de guerre et de paix.

Paix de Pascal Colrat

Pascal Colrat, « Paix ». Photo Galerie Talmart

La paix comme étendard de la raison face aux passions destructrices de la guerre. C’était celui brandi par deux géants du XXe siècle, Jean Jaurès et Pablo Picasso. Le premier, lors de son discours à Lyon-Vaise, en juillet 1914, et alors que la Première Guerre mondiale allait embraser l’Europe, continuait à affirmer à la foule la nécessité d’une solution pacifique. Le second, en juin 1937, pendant la guerre d’Espagne, saisissant ses pinceaux, dénonçait le sanglant bombardement de la ville de Guernica, et sa toile devenait le symbole international de l’horreur des conflits armés.

S’inspirant de l’engagement pacifiste des deux hommes, les responsables de l’exposition centrale de la Fête de l’Humanité présentent, comme préambule au lancement de l’année Jaurès,en 2014, et à l’occasion des 30 ans de la mort de Picasso, l’exposition « Guerre et Paix, de Jaurès à Picasso ». Elle accueillera des artistes issus de la période moderne (1904-1960) et contemporaine (depuis 1960) qui proposeront leur interprétation du thème, parfois tirée de leur expérience personnelle. Mohammed Al Hawajri, par exemple, peintre palestinien, nourrit ses oeuvres des images d’un conflit qu’il vit au quotidien. La peinture aura une place de choix et sera représentée, entre autres, par le Serbe Vladimir Velickovic ou l’Italien Valerio Adami, tous deux témoins des atrocités de la Seconde Guerre mondiale.

Des oeuvres de graphistes reconnus seront également exposées : les créations du Polonais Roman Cieslewicz ou les affiches engagées du Français Pascal Colrat, pour ne citer qu’eux.

Velickovic

V. Velickovic, « 1992 ». Photo Zarko Vuatovic

Les nouvelles générations, elles, répondront au sujet en utilisant le support de la photo et de la vidéo. Enfin, une performance se déroulera le 14 septembre, de 13 heures à 20 heures, avec comme fil conducteur Jaurès. Partageant un rouleau de papier, tendu sur le mur, les artistes, invités par la galerie Talmart, s’exprimeront avec l’outil de leur choix, du pinceau à l’acrylique en passant par les feutres.

Cieslewicz

Cieslewicz, « Guerre et paix ». Photo AFP

Cette véritable rencontre entre spectateurs et performeurs est l’occasion pour le public d’assister à une démarche artistique spontanée et pour les artistes de traduire sur feuille leur imagination jaurésienne.

Évoqueront-ils plutôt son pacifisme ? Son combat de journaliste ou bien celui de député ? Réponse le 14 !