
Des militants de Greenpeace déploient un oléoduc devant la légation canadienne à Londres, le 18 avril.
TD Securities, RBC Capital Markets, la CIBC, BMO Capital Markets, la banque Scotia et la Banque Nationale ont signé l’entente le 29 avril, à la suite de quoi le gouvernement a attendu trois semaines pour publier un communiqué. Il refuse toujours à ce jour de révéler qui sont les prêteurs, mais oups, l’information est sortie quand même.
L’oléoduc TransMountain date de 1953 et transporte le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta vers la côte de Colombie-Britannique sur 1150 kilomètres. L’expansion ajoutera 980 kilomètres de nouveaux tuyaux, ce qui fera passer sa capacité de 300 000 à 890 000 barils par jour, selon la société de la Couronne TransMountain Corporation. La construction déjà amorcée a engendré d’innombrables conflits avec les Premières Nations dont elle traverse les territoires, et la répression des protestations par la GRC a été aussi brutale que répugnante.
Pourtant, Justin Trudeau avait promis de limiter l’empreinte-carbone de l’industrie pétrolière et gazière, lors du sommet de l’ONU à Glasgow. Les grandes banques se proclament elles aussi les championnes de la lutte aux changements climatiques. La TD, par exemple, déclare « travailler sans relâche à implanter des pratiques commerciales responsables, afin d’atteindre la carbo-neutralité de nos opérations et de nos activités de financement en 2050 » alors que la CIBC se prétend « engagée à collaborer avec les secteurs carbonifères dans la transition vers le net-zéro ».
Les contribuables ont déjà fourni 17 milliards à TransMountain, acheté de Kinder Morgan par le gouvernement fédéral en 2018. La vice-première ministre Chystia Freeland a promis plus tôt cette année de ne plus investir de fonds publics dans la construction de l’oléoduc. En février, le gouvernement estimait que le coût du projet allait doubler pour atteindre 21 milliards. Plusieurs experts envisagent plutôt 25 milliards, sans jamais atteindre la rentabilité.
Richard Brooks, directeur-finances de Stand.earth : « Il est clair que les grandes banques-fossiles et le gouvernement fédéral travaillent de concert en cachette, à l’abris des regards depuis un bon bout de temps, même si ce sont les Canadiens qui sont collectivement propriétaires de TransMountain. Pourquoi tant de secret ? Les sociétés de la Couronne ne devraient-elles pas être transparentes, surtout quand il s’agit de méga-projets qui sapent la lutte aux changements climatiques et bafouent les droits des autochtones ? Les banques vont-elles nous aider à atteindre nos cibles nationales en matière de GES, ou tout faire pour nous en empêcher ? »
Aucun commentaire jusqu'à présent.