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On a ouvert le feu hier à Washington

Donald J. Trump a complètement déraillé ou disjoncté hier, en lançant les plus déchaînés de ses partisans à l’assaut du Capitole, symbole de la démocratie américaine inviolé depuis plus de deux cents ans.

On a ouvert le feu : des manifestants et des policiers débordés ont commis l’erreur fatale. Il est trop simple d’écrire quatre morts : on voudra savoir les circonstances de chacune afin de remonter la chaîne de responsabilités jusqu’à l’irresponsable 45e président dont la destitution s’impose plus que jamais. Mais sa mise à l’écart ne mettra pas les trois sénateurs complices ci-dessous hors de nuire, puisqu’ils vont continuer à distiller leur venin, à moins qu’on emprisonne la tête brûlée du Missouri (ci-dessous) filmée devant le Capitole encourageant les émeutiers.

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Les fanatisés sénateurs pro-Trump Ron Johnson (Wisconsin), Josh Hawley (Missouri) et Ted Cruz (Texas)

Quel contraste réconfortant, ce spectacle de nombreux de leurs collègues sénateurs républicains piteux, votant le même soir à majorité pour la légitimité totale du président élu Joe Biden, après l’échec de la tentative de piratage du 2 janvier par le président Trump, suppliant puis menaçant le Secrétaire d’État républicain de Géorgie, Brad Raffensperger, pour qu’il lui trouve les votes nécessaires à renverser le verdict qui de 11,779 votes de majorité à Biden, a été augmenté à 12,670 votes après un recomptage minutieux !

Quant aux élus suivants, ils ont très vite compris le péril qui menace la démocratie depuis quatre années :

  • Alexandra Ocasio-Cortez: « Impeach. »
  • Ilhan Omar: « I am drawing up Articles of Impeachment. We can’t allow him to remain in office, it’s a matter of preserving our Republic. »
  • Rashida Tlaib: « He needs to be impeached and removed immediately. »
  • Ayanna Pressley: « Our democracy is literally under assault. Donald J. Trump incited this violence and is directly responsible for this attempted coup. He must be impeached and removed. »
  • Jamaal Bowman: « Trump must be removed from office immediately. »
  • Obama national security advisor Ben Rhodes: « This man needs to be removed from office. He is leading an insurrection against American democracy. »
  • Retired General Barry McCaffrey: « This calls for the removal of the President of the United States. »

 

Mais ce ne sera pas facile de colmater quatre années de Trump-Néron, allumeur d’incendies par ses décisions racistes, anti-femmes, anti-« pays de merde », anti-ONU (et COP21), anti-OMS, anti-Chine, anti-Cuba, anti-« médecine socialiste » qui pourtant aurait permis d’éviter le bientôt tiers de million de morts du COVID-19 aux États-Unis, pro-Cour Suprême suprémaciste et anti-avortement, pro big-business, pro-pétrolières et pro-armes, y compris nucléaires : ces trois domaines « patriotiques » ne seront évidemment pas remis en question par les éditorialistes, qui continueront à censurer toutes nouvelles favorables à des positions modérées pacifistes, jugées « communistes ».

Washington a décrété un sévère couvre-feu à partir de 18h.

Le Québec a décrété un couvre-feu

Au Québec, le Premier ministre Legault décrète le sien à partir de 20 heures samedi.

Hier à l’hôpital de Sherbrooke avec ses civières roulantes parcourant les couloirs à chaque étage visité, avec un père portant sa fille infirme dans ses bras parce qu’il ne restait plus de chaise roulante disponible, assis dans une salle d’attente une heure de temps, j’ai eu le privilège de pouvoir brièvement discuter avec trois résidents en médecine dans le début de la vingtaine, qui à midi et demi n’envisageaient pas encore quand ils réussiraient à faire une courte pause-déjeuner : la situation me semble dangereusement intenable, alors que le nombre des patients COVID grandit, vu l’irresponsabilité d’individus qui n’ont pas compris que la pandémie exigeait une discipline collective. Est-ce étonnant quand les gros partis politiques financés par les riches prônent un individualisme malsain car dominateur (je ne parle pas de l’individualisme artistique) et refusent les mesures écologiques et sociales défendant la collectivité contre les projets pétroliers ou gaziers et d’armes à 100 milliards de $ (chiffres seulement pour le Canada !) dans un contexte mondial où les réfugiés climatiques et de guerre ne trouvent plus à manger ni surtout à boire ?

Commentaire de Normand Raymond

Si jamais la situation venait qu’à se dégrader comme en Italie et en Espagne, lors de la première vague de Covid-19, et que le système de santé d’ici soit débordé, collapsé et perde le contrôle, ce serait alors l’occasion de faire appel à la Brigade de médecins cubains Henry Reeve, pour qu’elle vienne nous prêter main forte. C’est tout à fait inhumain de laisser mourir les plus vieux ou les plus malades sur le trottoir. C’est inacceptable. Personne ne doit être laissé pour compte dans cette affaire.

Par rapport au couvre-feu, ce qui m’inquiète le plus ce sont les sans-abri et les itinérants, ces personnes particulièrement des plus vulnérables de notre société. Certains risquent d’écoper de méchantes amendes, s’ils n’arrivent pas à se trouver un trou où se mettre à l’abri durant les heures interdites de circulation dans les rues. Est-ce qu’une tente, un sac de couchage ou une maison faite de boites de carton sous un pont, sous un escalier, dans un boisé, un parc, à proximité d’une entrée de station de métro, sont considérés comme des endroits sûrs pour ne pas recevoir une contravention de 1000 $ à 6000 $, qui ne viendront qu’empirer leur situation d’itinérance ?