wang_Yi

Le ministre des Affaires étrangères de Chine, Wang Yi. Photo : Johannes Simon/Getty.

La Conférence de Munich réunit l’Union Européenne, les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Ukraine pour trouver une issue au conflit entre Kyiv et Moscou. La Chine se présente comme le seul adulte responsable dans la salle, et a annoncé ce samedi l’intention du président Xi Jingping de soumettre une « proposition pour la paix » pour résoudre ce qu’elle qualifie toujours de conflit et non de guerre.

Le nouveau patron des relations internationales chinoises Wang Yi a tenu un discours enflammé invitant les dirigeants Européens à appuyer ce plan en laissant les américains sur la touche. « Nous devons – surtout nos amis en Europe – réfléchir calmement à ce que nous pouvons faire pour mettre un terme au conflit, à comment structurer un processus de paix durable, et au rôle que doit jouer l’Europe pour affirmer son autonomie stratégique » a-t-il affirmé, fustigeant du même souffle les États-Unis pour la « réaction de la faible Washington qui frôle l’hystérie » suite à l’incident du ballon chinois abattu la semaine dernière. « On dirait que certaines forces en présence ne veulent pas que les accords de paix se matérialisent, elles ne se soucient pas de la vie des Ukrainiens, ni des torts causés à l’Europe » a-t-il poursuivi dans une allusion à peine voilée aux États-Unis.

Mais les Européens ne semblent pas vouloir se distancer des américains : le chancelier allemand Olaf Schulz, longtemps hésitant, a déclaré vouloir envoyer des chars plus récents en Ukraine, et le président français Emmanuel Macron a descendu en flammes l’idée d’une négociation de paix avec le Kremlin. Pour les Européens, l’idée que se fait la Chine de la paix ne correspondra pas à la vision de l’U.E.

La Chine essaie de ménager la Russie en lui offrant son appui diplomatique, sans toutefois s’impliquer militairement afin d’éviter de déclencher des sanctions occidentales qui nuiraient au commerce international. « Nous sommes fermement en faveur de la paix et du dialogue, nous ne versons pas d’huile sur le feu et nous réprouvons les profits tirés de ce conflit » selon M. Wang.

Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a révélé que le président Xi présentera sa proposition de paix vendredi, pour coïncider avec le premier anniversaire du début du conflit. Son homologue ukrainien Dmitro Kuleba doit rencontrer M. Wang cette semaine « pour une franche discussion. Nous croyons que sur le plan international, la première préoccupation de la Chine est la question de l’intégrité territoriale. Elle va tout faire pour sauvegarder ce principe, c’est plus important que les arguments avancés par l’Ukraine, les États-Unis ou les autres pays ».

La ministre allemande Annalena Baerbock a déclaré, suite à une rencontre bilatérale avec M. Wang, que « la solution de paix ne doit pas récompenser l’agresseur, mais se conformer aux règles du droit international. Ceci dit, nous accueillons favorablement l’intervention de la Chine, et tant mieux si elle peut raisonner la Russie ».

Les dirigeants Européens craignent entre autres que la proposition de la Chine vienne distraire des efforts de l’Assemblée générale de l’ONU, qui tente de faire voter une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine.

Les États-Unis se sont fait traiter de tous les noms : M. Wang a qualifié la réaction à l’histoire du ballon d’« absurde, qui démontre la faiblesse de Washington et non sa force »; le ministre des Affaires étrangères du Pakistan, Bilawal Bhutto Zardari, a déclaré « l’ignorance et la déviance des États-Unis envers la Chine ont atteint de nouveaux sommets, c’en est ridicule. Les absurdes démarches américaines sont générées par leur politique interne, ça doit cesser ».