
Tir de missile Tomahawk en Méditerranée.
Le but de cette attaque, exactement comme celle de l’année dernière, n’était pas de causer des dommages irréparables à la force militaire de Bashar al-Assad. On nous dit qu’elle visait principalement des sites de stockage et de développement d’armes chimiques. C’est curieux, car l’attaque aux 59 missiles de l’année dernière devait précisément mettre un terme à l’usage de ces armes chimiques une fois pour toute, lesquelles devaient avoir été détruites une fois pour toute devant des témoins internationaux en 2014… Doit-on s’attendre à un bombardement destiné à éliminer les armes chimiques syriennes à chaque mois d’avril ? Une idée à explorer, en y incorporant une rotation des pays participants pour que tout le monde ait une chance de s’amuser.
Ce bombardement n’aura d’autre résultat que de confirmer al-Assad et ses alliés dans leur rôle de perpétuelles victimes des agressions occidentales. Pendant ce temps, la vie continue en Syrie. À ce jour, le pays a été bombardé successivement par le régime d’al-Assad, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie, l’Iran, Israël, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, Bahrain et les Émirats Arabes Unis, chacun d’eux s’appropriant une partie du territoire comme carré de sable particulier.
Dans les médias, on assiste à un intéressant concours de missiles. Les Tomahawk américains sont les plus impressionnants par leur portée et leur nombre, une centaine expédiées du beau milieu de la Méditerrannée. Cependant, la France a lancé une douzaine de missiles de croisière d’une portée de 1000 km, en plus de neuf missiles Scalp (ah, quelle poésie, quand même) largués par des chasseurs Rafale, en prenant des risques car il faut se rapprocher à 400 km de la cible. Les Britanniques y sont allé de chasseurs Tornado et de huit missiles Storm Shadow, encore plus risqué car d’une portée de seulement 250 km. Doit-on décerner la médaille à la quantité ou au facteur risque ? Mais, oups, la Russie semble dire que 71 des missiles américains auraient été interceptés et détruits en vol…
Plutôt que d’avoir un effet appaisant sur le conflit, ce dernier bombardement en cautionne le degré de brutalité. Faisons abstraction des armes chimiques un instant : le pilonnage de la population de la Syrie par les puissances occidentales est en train de devenir une norme acceptable avec l’aval de la communauté internationale, y compris le Canada. Nos politiciens salueront le dernier bombardement comme une action d’éclat à la gloire de notre civilisation; iI en signale plutôt le déclin.
Au moins, Justin Trudeau aura eu la décence de s’abstenir de pavoiser, qualifiant l’attaque de “malheureuse, mais nécessaire”. Le vice-président Pence a remercié le Canada de sa position, clairement un message de bienvenue au sein du Club des Vertueux. Cependant, on attend toujours que le Club explique comment il en est arrivé à la conclusion que du chlore et du sarin ont en effet été utilisés, et par qui.
Non pas que l’on remette en doute le fait qu’une telle attaque chimique ait eu lieu, mais les témoignages, en l’absence de preuves, sont tellement confus et contradictoires qu’il serait malhonnête de désigner un coupable . Ce qui n’a pas semblé gêner Trump, Macron & May, le nouveau trio lyrique du néo-impérialisme.
Je crois plutôt qu’à la lecture de l’article http://www.artistespourlapaix.org/?p=12301 écrit principalement par le professeur Rachad Antonius, IL FAUT sérieusement mettre en doute l’attaque chimique de la semaine dernière: Radio-Canada a diffusé en boucle un « reportage édité » qui porte la signature de la propagande des Casques Blancs, des enfants étourdis d’avoir respiré du chlore, alors que des adultes (!) gisent inertes ou sont transportés à dos d’hommes. On se souvient de la fabrication par la fille de l’ambassadeur koweitien en 1991 de bébés sortis des incubateurs par « l’animal » Saddam Hussein, une histoire fictive mettant en scène des enfants, qui avait pour but de légitimer l’attaque alliée. D’autre part, des experts de l’arme chimique s’interrogent que si les missiles à 4 millions de $ pièce (le complexe militaro-industriel se frotte les mains d’aise aujourd’hui) avaient réellement frappé des usines de fabrication d’armes chimiques, n’aurait-on pas vu surgir des nuages chimiques des décombres?
Bravo Christian, très intéressant.
judi
À la lumière de l’obstruction du gouvernement Assad face aux inspecteurs de l’Organisation internationale d’interdiction des armes chimiques (OPCW), qui ont protesté ce matin qu’on ne les laissait pas entrer en Ghouta orientale pour y déceler ou non des traces d’agression chimique, la probabilité qu’elle ait eu lieu et que des avions russes ou syriens l’aient perpétrée augmente, avec chaque jour de retard: la Syrie doit laisser l’ONU faire son travail, sans évoquer le prétexte qu’on ne puisse pas encore assurer la sécurité des inspecteurs.