manif-berlin

À Berlin, le 28 août, de joyeuses manifestantes brandissaient des pancartes contre l’AfD et le mouvement Querdenken. (Jorg Carstensen /dpa Picture-Alliance via AFP)

En Allemagne – Journal Libération, 27 septembre

L’Alternative für Deutschland devrait perdre de son influence après les élections de ce dimanche. Avec 10,3 % des voix contre 12,6% en 2017, elle ne sera plus la première force d’opposition à l’assemblée fédérale (Bundestag). Ce parti xénophobe avait émergé à l’occasion de l’accueil de centaines de milliers de réfugiés par Angela Merkel en 2015. Mais, contrairement à la dernière campagne de 2017, l’extrême droite a été incapable de mobiliser sur le thème de l’immigration et n’a pas réussi son objectif de « reconquérir le pays » en « pourchassant madame Merkel », selon les termes de l’idéologue du parti, Alexander Gauland qui, avec le départ de la chancelière, va perdre un bouc émissaire.

Place, donc, aux Verts qui ont monté et au parti social-démocrate qui devront réussir à former une coalition. Mais à cette vision optimiste, répond dans Pressenza Oskar Lafontaine, ex-président de Die Linke (en baisse de 11,9 % en 2009 à 4,9 % aujourd’hui) : « En politique extérieure, la CDU, la CSU, le SPD, le FDP et les Verts sont d’accord pour continuer à moderniser l’armement et pour que la Bundeswehr intervienne à l’étranger. Aucun des potentiels partis de gouvernement ne veut se mettre en travers de l’agressive politique américaine d’encerclement de la Russie et de la Chine, qui met en danger la sécurité des Allemands. La politique de détente et de désarmement que portait le prix Nobel de la paix Willy Brandt sera remplacée à l’avenir par une politique extérieure mettant la paix en danger. » On pourrait hélas en dire autant du NPD, du Bloc Québécois et des Verts, chez nous. Le complexe militaro-industriel a des poches profondes.

Christophe Bourdoiseau rapporte que le 1er août, à Berlin, la manifestation Jour de liberté: la fin de la pandémie (sic) avait réuni plus de 20 000 personnes opposées aux restrictions mises en place en Allemagne pour lutter contre le coronavirus, comme le port du masque. Organisée par le mouvement Querdenken 711, cette protestation avait vu défiler une foule composée de sceptiques du coronavirus, de complotistes, d’activistes antivaccins, d’entrepreneurs lassés par les mesures de distanciation sociales, d’ésotéristes, mais aussi de militants nationalistes ou d’extrême droite, venus avec leur drapeau noir-blanc-rouge de l’empire allemand. La photo de jeunes manifestantes appelant ci-haut Querdenken à couler à pic (versenken, en allemand) est rafraîchissante. Que nos jeunes les imitent !

En France – 29 septembre

L’ancien président français de droite Nicolas Sarkozy est encore une fois condamné pour corruption de son parti, cette fois non plus pour avoir reçu l’argent de Kadhafi comme en 2007, mais pour la campagne électorale de 2012. Qu’il ait assez d’argent pour aller en appel ne surprendra pas Pierre Craig et son documentaire sur notre justice vénale.

L’hebdomadaire d’extrême-droite Valeurs actuelles est condamné pour injure raciste pour avoir dépeint en août 2020 Danièle Obono en esclave. La députée a remporté son procès contre le journal et le rédacteur de l’article nauséabond condamnés à des amendes et à verser des dommages et intérêts à madame Obono. « Il faut refuser « qu’on trouve normal d’exercer une violence et que ce soit considéré comme un débat politique », insiste Danièle Obono, qui pourfend « l’obsession pour l’altérité, la réémigration, une thématique qui revient régulièrement, une violence qui me réduit à quelque chose que je ne suis pas : une étrangère ». Elle a dénoncé « l’humiliation de ces dessins » (l’article était accompagné de dessins qui la représentait fers au cou) pour elle et sa famille. « Justice pour moi, pour la violence commise à mon encontre, pour le déni de mon humanité, pour ma famille, pour ma mère qui n’a pas mis au monde une esclave », avait déclaré la députée de Paris, qui revient sur son engagement pour la liberté d’expression et le débat public, appuyée par plusieurs associations – Mémoire et Partage, la Maison des potes, la Ligue des droits de l’homme (LDH), SOS Racisme, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples – et son parti La France insoumise.