Photo DARIO AYALA / AGENCE QMI (octobre 2017) de Gabrielle Boulianne-Tremblay

D’incessantes éructations de haine anti-woke se répandent dans les réseaux sociaux jusqu’au Journal de Montréal, alors qu’on y lisait pourtant en 2017 : « si notre perception des personnes transgenres évolue positivement, c’est beaucoup grâce à ces hommes et à ces femmes qui ont décidé d’afficher — et de revendiquer — leur identité de genre pour faire reculer les préjugés. » Louise Deschâtelets du même journal combat, par son ouverture, malaises et préjugés malsains reflétés parfois dans ses lettres reçues.

Connue pour son rôle bouleversant dans le film québécois Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau – une intense réflexion post-printemps érable d’une durée de plus de trois heures par les réalisateurs québécois Mathieu Denis et Simon Lavoie -, Gabrielle Boulianne-Tremblay déchire la somnolence que nous procure la lecture quotidienne du DEVOIR par un véritable cri à l’aide. Celle qui avait obtenu une sélection aux prix Écrans canadiens, une première pour une femme trans (iel) et qui rappelait dans sa tournée des médias « que la plus grande incompréhension des gens envers les trans, c’est de penser qu’on choisit d’être une femme ou un homme. Non, on choisit de vivre » nous avoue sa détresse face aux reculs d’une société intolérante. La droite claironne ses simplifications : Gabriel qui a un pénis est un homme, point final. La Russie qui a envahi l’Ukraine – et on censure nos articles APLP 2014-15 qui dénoncent la droite de notre ministère des Affaires internationales mené par John Baird armant le Maïdan et le bataillon nazi Azov contre le Donbas – doit être combattue par des armes auxquelles Mélanie Joly donne carte blanche, à la demande de la droite, contre toute règle de diplomatie et même contre l’avis de 68% des Canadiens sondés. Inutile d’ajouter que l’opération militaire de la Russie était le fruit d’un cerveau de dictateur militariste (donc de droite).

Ces gens nés de la haine

Photo: Marin Blanc

Jusqu’à présent, plus de 400 projets de loi anti-2SLGBTQIA+ ont vu le jour depuis janvier dernier aux États-Unis, et ça continue. Voilà dix minutes que je pleure sans arrêt. J’ai mal à nos enfants trans qui vivent dans ce climat de terreur. En Floride, le projet de loi SB 254 autorisera l’État « to take temporary custody of children who may be receiving gender-affirming care now or in the future ». En gros, il sera possible de dérober un enfant trans à ses parents. Nous sommes en train de rendre légal le kidnapping, nous sommes en train de légaliser la transphobie. L’on nous veut soit dans l’ombre, soit mortes. L’on nous déclare une guerre, littéralement.

Ce climat aux États-Unis contamine le monde. Je m’explique très mal cette campagne de déshumanisation et j’aimerais ne pas avoir à faire ce sordide parallèle avec les nazis et leur propagande haineuse envers les juifs, parce que l’on sait la triste suite… (…)
J’aimerais que vos voix s’élèvent en une chorale qui apaise enfin nos pleurs, j’aimerais voir et entendre plus d’alliés dénoncer ces injustices dans les médias. Seules, nous n’y arriverons pas.

J’en appelle à ceux qui nous aiment, dites-le haut et fort, diffusez des informations sur ces lois injustes et violentes. Dénoncez la transphobie. Soyez fiers de connaître des personnes trans. Dites-le-leur, écoutez-les. Soutenez des artistes trans. Ne minimisez pas notre crainte, elle est légitime. Ce n’est plus un secret, la transphobie peut aller jusqu’à tuer. Nous sommes des personnes pleines d’amour et nous ne demandons rien de plus que de pouvoir exister en toute sérénité.

Les lecteurs du DEVOIR ont sélectionné l’article précédant comme leur numéro un, où l’autrice exprime librement sa « queer joy », avant de lancer son haut-le-cœur, provoqué par l’intolérance à la DeSantis; ce gouverneur de la Floride incite à brûler des livres qui parlent d’homosexualité, harcèle les drag queens, supprime l’accès aux avortements médicaux et pharmaceutiques et assouplit la législation anti-armes à feu, si faible soit-elle déjà.