lennon-onoC’est ce que proclamaient à Montréal, en pleine guerre américaine du Vietnam avec ses 1,7 million de morts, Yoko Ono et John Lennon enregistrés par André Perry en 1969 à l’hôtel Reine-Élizabeth. Quarante ans plus tard, avec Radio-Canada et des musiciens Artistes pour la Paix, le Musée des Beaux-arts de Montréal commémorait leur bed-in en une belle exposition très courue, organisée par Nathalie Bondil, amie des APLP2019.

Sur ce thème avancé il y a 53 ans, on veut publier plusieurs articles à la suite de notre dossier incriminant le Canada bafouant l’ONU en versant des milliards de $ pour des armes destinées à bombarder les Russes envahisseurs, au détriment des civils ukrainiens qui ont faim dans le froid de sous-sols de logis bombardés, sans électricité et sans eau.

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L’émission propagandiste de Radio-Canada du 12 janvier a regroupé ses correspondants à l’étranger dans un exercice affligeant de self-righteousness (ou fatuité autocomplaisante), à part Azeb Wolde-Gheorghis qui rétablit un minimum d’équilibre envers l’impérialisme endossé par ses collègues, par ses remarques sur l’Afrique et le racisme de Trump; aucune remise en doute des armes envoyées par le Canada qui nourrissent une guerre dont les principales victimes sont les Ukrainiens et louanges constantes de Tamara Alteresco envers le « courage » militariste du président Zelensky. Il est notable et honteux qu’en deux heures d’entrevues, la seule allusion à l’ONU a été un dénigrement par l’animatrice Anne-Marie Dussault reprenant les reproches adressés au Secrétaire général Antonio Guterres que sa vision du monde était trop désespérée : qui sont ces journalistes de Radio-Canada pour ignorer la vision de l’ONU, qui est la plus complète et objective au monde [1] ?

Leçons à tirer d’Europe de l’Est

En premier aujourd’hui, un article de Pierre Jasmin, membre de Pugwash et secrétaire général des APLP. Son expérience de l’Europe de l’Est comme diplômé de la Hochschule für Musik de Vienne et du Conservatoire de Moscou et président d’honneur de classes de maîtres seize étés en Tchécoslovaquie, sans compter son amitié avec le croate Ivo Pogorelich qui l’a souvent invité dans son pays, lui offre une perspective unique.

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Gérard Pelletier, défunt ambassadeur du Canada de 1981 à 1984 aux Nations unies, avait comme journaliste dénoncé la brutalité de la répression policière envers les grévistes de l’amiante et publié, dans les années 1950, une série d’articles à la défense des Orphelins de Duplessis. Son amour des arts se perpétue par la Salle Alec et Gérard Pelletier de Sutton, en Estrie.

La plupart des médias manipulent l’actualité pour saboter toute tentative de NÉGOCIATION [2] qui mettrait fin à la guerre en Ukraine : ils ont moqué, tout comme Zelensky et Biden, la trêve de Noël de 36 heures demandée par le patriarche Kirill de l’Église Orthodoxe russe au président Poutine, pour permettre aux croyants d’assister aux services religieux du Noël du calendrier Julien les 6 et 7 janvier. Et le Canada a embrassé l’OTAN militariste et tourné le dos à l’ONU et à ses modèles de paix négociée !

1Une propagande de Grayzone s’est retrouvée contre ma volonté (j’avais même auparavant changé mon mot de passe pour me prémunir sans succès d’invasions antérieures) sur mon Facebook moins protégé que notre site par son webmestre, avec divers coupables possibles : informaticiens russes réputés maîtres de cet art ou un militariste cherchant à discréditer les tentatives des APLP de compromis historique, qui en réussissant mettrait fin à ses lucratifs revenus ? Elle fut aussi imposée contre sa volonté, m’a-t-elle confié, sur le Facebook de Tamara Lorincz de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF). À Owen Hughes, apparemment instrumenté aussi, j’ai écrit dont acte: I’m writing a whole article against this poor propaganda piece by Grayzone which is racist and anti-Muslim and proceeds eight pages-long without mentioning the massacre of Srebrenica, nor the siege of Sarajevo by serbo-bosniak artillery.

Car malgré l’endossement de ce révisionnisme historique par le musicien, écrivain et réalisateur serbe Emir Kusturica, double gagnant de la Palme d’Or du Festival de Cannes avec Underground fabuleux film anti-armement, il s’agit pas moins d’une propagande serbe niant la réalité des camps serbo-bosniaques aux prisonniers émaciés de 1993 (photo) dénoncés par l’Europe de la démocratie et commentés avec justesse par la grande Simone Veil : « L’attention à la souffrance des autres définit mon identité opposée à la xénophobie et au racisme contre lesquels il nous appartient de faire échec. »

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Si le chercheur Edward S. Herman (1927-2017), collaborateur de Chomsky, a avec raison souligné que la couverture belliciste occidentale de Srebrenica ignorait les sévices croates appliqués en Krajina, adressons des félicitations au DEVOIR qui a publié le reportage remarquable sur la Bosnie déchirée fait par Patrice Sénécal et Ermina Aljičević.

À la demande de l’ONU, l’OTAN avait mis fin au siège affamant Sarajevo par un bombardement ciblé en 1995 sur les pièces d’artillerie serbo-bosniaques juchées sur les montagnes qui encerclaient la ville – pour la visualisation, voir le film tourné sur place par Guillaume de Fontenay : la Croatie libérée laissait la Bosnie isolée sous les bombes. Selon notre avertissement par Louisette Dussault et Marie-Hélène Falcon, elle qui revenait du Festival de Théâtre à Avignon ainsi alertée sur le massacre de Srebrenica, Jean Chrétien a agi pour Sarajevo, conseillé par l’artiste pour la paix Gérard Pelletier qui avait suggéré au maître des opérations d’avertir les serveurs une heure avant l’attaque pour leur permettre de s’échapper, sans le temps toutefois d’évacuer leurs pièces d’artilleries trop lourdes.

Hélas enhardis par ce succès considérable (et pacifiste vu l’absence de morts), l’OTAN décida en 1999 de bombarder toute la Serbie avec comme objectif d’imposer la sécession artificielle du Kosovo, une attaque sanglante et destructrice des ponts, conduites d’eau potable et installations électriques, vivement dénoncée par les APLP, comme nous allions dénoncer toutes les opérations de l’OTAN en Afghanistan, Irak, Syrie et Libye…

Sur ce point bras dessus, bras dessous avec la Prix Nobel Mairead Maguire, nos artistes comprenaient Dan Bigras qui a écrit sa chanson Sarajevo, les power freaks et la féministe Pol Pelletier.

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« C’est uniquement le changement de rapport de force en sa défaveur sur le champ de bataille qui obligera la Russie à négocier de bonne foi afin que la paix revienne en Ukraine », affirment les auteurs de l’article suivant. Photo : Evgeniy Maloletka Associated Press

2Résolument pro-guerre depuis un an, Le Devoir a publié, introduit par la photo émouvante ci-dessus d’une parmi les millions de victimes innocentes ukrainiennes, un article s’appliquant à discréditer toute acceptation de quelque tentative de négociation ou de trêve. Sur la version électronique de l’article, j’ai demandé pourquoi ce texte aux éléments juridiques intéressants ignorait les Traités de Minsk de 2015 et les Russophones du Donbass, dans ce faux plaidoyer de paix qui ne la déclarait possible, qu’à la condition que la Russie soit vaincue par une guerre totale ? Une dame a houspillé dans l’article François Ricard et Normand Bibeau penchant du côté que j’exprimais en faveur de la paix et m’a adressé la question : « C’est bien d’avoir œuvré pour la paix en Bosnie mais cautionniez-vous la « grande Serbie » de Milosevic ? »

J’ai répondu qu’évidemment que non et en témoigne, organisée par le violoniste slovène de l’Institut des Relations Interculturelles par l’Art (IDRIART) que j’avais auparavant accompagné en 1993 au Tibet, la Flottille de Paix 1994 filmée par Kateri Lescop, présentée au Point de Radio-Canada en spécial Action de Grâce, selon Jean-François Lépine à l’opinion moins pacifiste depuis qu’il n’est plus journaliste ou depuis que sa regrettée belle-mère et APLP Janine Sutto est morte.

Ce reportage télévisuel est incomplet, j’y ai ajouté des réflexions dans Notes d’espoir d’un joueur de piano, dont le critique du DEVOIR Christophe Huss saluait en 1988 la force rafraîchissante de ce livre : avant toute chose, il est honnête. J’y racontais la fois où m’écartant de l’équipe de Radio-Canada, j’avais rencontré des nationalistes croates à qui je reprochai leur passé oustachi qui avait fait en sorte que l’armée yougoslave de Tito était composée surtout de généraux serbes. L’historienne croate qui m’accompagnait heureusement a alors fait la généreuse réflexion que je donnais une opportunité aux Croates de se concentrer sur la reconstruction de leur pays, au lieu de poursuivre les Serbes de leur vengeance. Sagesse pacifiste…

Les APLP ont poursuivi le travail des années 90 pour une paix en Bosnie-Herzégovine par deux récitals sous la présidence d’honneur de Lucien Bouchard au Centre Pierre-Péladeau du pianiste croate Ivo Pogorelich (j’ai signé sept musicographies à son honneur pour Deutsche Grammophon), versant par l’entremise de son agente suisse son cachet de 100 000$ à la reconstruction d’un hôpital de maternité bosniaque. Les nationalistes croates en ont voulu à son idéalisme qui passait par-dessus leurs besoins énormes d’après-guerre surtout que d’autres concerts avaient augmenté sa contribution à un million de $. L’argent est toujours source de conflits…

3L’Europe de l’Est m’inspire la paix, grâce à mes quinze étés de classes de maîtres données en Bohême du Sud. Elles avaient débuté en 1991 en Tchécoslovaquie communiste pauvre, où proliféraient néanmoins de grands artistes comme le père de Milan Kundera, éditeur des 32 sonates de Beethoven, et de nombreux étudiants idéalistes motivés par le seul amour de la musique et la soif d’apprendre; avant mes derniers stages 2003-7 déjà minés par le capitalisme triomphant et le star system émergeant, il y eut le règne béni de Vaclav Havel, dramaturge dissident sorti directement de sa prison pour devenir président.

Ce grand homme PERMIT LA SÉPARATION, SANS UNE GOUTTE DE SANG VERSÉE, D’AVEC LA SLOVAQUIE, RUSSOPHILE VU SON SECTEUR NUCLÉAIRE ET SES USINES D’ARMEMENT, INDUSTRIELLE ET SALE COMME LE DONBASS : mes excuses aux musiciens slovaques qui m’ont si bien accueilli l’été 1993 en leur oasis de Piešťany avant que je prenne l’avion à Amsterdam pour participer à la caravane de paix IDRIART au Tibet, reçue froidement par les militaires chinois.

Le dramaturge-président a fait le choix humain, plutôt que les choix de pouvoir et d’argent de nos gouvernements victimes de l’influence d’argent guerrier au détriment de l’homme et la nature, ceci dit non pour blâmer toute l’Ukraine mais les émissaires de l’OTAN qui ont déterminé sa course depuis 2014.

La vraie question en Ukraine demeure que peut-on faire pour garantir une paix qui protègerait les Russophones, à la fois des mercenaires du groupe Wagner qui ne font pas dans la dentelle et à la fois du bataillon nazi Azov ukrainien favorisé par l’ancien ministre conservateur John Baird et la vice première ministre Chrystia Freeland ? Pour de simples réflexions de paix avançant des solutions ONUsiennes refusées par nos médias, lire : http://www.artistespourlapaix.org/la-missive-de-noel-des-artistes-pour-la-paix/

Pour conclure cet article centré sur l’Europe de l’Est, les APLP avaient applaudi l’action de Louise Arbour à la tête du Tribunal spécial sur la Yougoslavie et celle de Philippe Kirsch à la tête de la Cour Pénale internationale dont il a été le premier juge, après avoir fait adopter en 1998 par l’ONU le Statut de Rome. Si la première plie sous la pression canadienne, remercions son rapport pour changer la mentalité machiste violente des Forces canadiennes présenté à la ministre de la Défense Anand.

Sommes-nous utopistes d’imaginer qu’après la révolution du Maïdan ayant expulsé un président élu véreux et russophile, si l’Ukraine avait connu un président autre que le non moins corrompu chocolatier Poroshenko au discours fasciste haineux [3], l’Ukraine de l’Est aurait pu organiser un référendum, au lieu de bombarder les russophones au prix d’au moins dix mille (des 14 000 répertoriés) morts entre 2014 et 2021 ?

Élu en 2019 sur sa promesse plébiscitée de débarrasser le pouvoir de ces extrémistes, Zelensky en est devenu l’otage. Il n’est jamais trop tard pour se racheter et entreprendre une négociation permettant de sauver des milliers de vies; mais la tâche d’organiser des référendums crédibles après une invasion/opération russe qui a bouleversé le Donetsk et les autres oblast en provoquant des exodes massifs de populations agressées de part et d’autre, sera vraiment difficile. On pourrait commencer en Crimée par un premier pas d’un référendum de paix dont la Russie serait gagnante. Si on a prouvé par une série d’articles que l’OTAN et le Canada furent des fauteurs indirects de guerre, la faute de l’utilisation directe de celle-ci revient à son fauteur principal, le président Poutine, qui sera puni pour avoir brouillé les cartes démographiques qui lui auraient été favorables, si on lui avait permis de jouer la carte de la démocratie au lieu de sa guerre stupide.


[1] https://scienceforpeace.ca/tag/canadian-foreign-policy/ coécrit par J. la veille de l’invasion russe

[2] L’ex-président afghan Karzaï a conseillé à Zelensky dans l’India Times de mars dernier (lequel de nos médias en a parlé ?), de négocier une paix immédiate, plutôt que de subir des affrontements russo-américains comme son pays, aujourd’hui détruit, en a soufferts pendant 43 ans : survenue en 1979, l’entrée des troupes soviétiques fut suivie par celle des armées de l’OTAN en 2001, que notre défunt secrétaire Bruno Roy et moi avions condamnée ensemble en 2008 : http://www.artistespourlapaix.org/echec-a-lhypocrisie-echec-a-la-guerre/

[3] Présenté devant le vice-président Biden, on peut écouter son discours russophobe sur https://www.youtube.com/watch?v=ZYoOCz65KY8&ab_channel=ThalieThalie