caricature-otan

« Voici notre plus efficace stratégie que nous vous proposons… en Ukraine »

Merci à Mathieu Bock-Côté, une fois n’est pas coutume

On voit à quel point la guerre en Ukraine est en train de perturber la logique journalistique quand on trouve dans un éditorial de Mathieu Bock-Côté, sociologue, auteur et chroniqueur de droite (!) l’opinion la plus sensée de nos médias. La voici tirée du Journal de Montréal du 4 mars : « La tentation du pire habite ceux qui, actuellement, rêvent de transformer le conflit en Ukraine en guerre totale entre la Russie et l’Occident. Ils sont hypnotisés par les dieux de la guerre, qui rendent les hommes fous, en leur faisant contempler avec les yeux de Chimène l’embrasement du monde. Ne nous trompons pas : ils sont nombreux. La guerre les excite, les électrise. Ceux qui veulent garder la tête froide doivent plutôt se demander à quoi peut ressembler une sortie de crise. Le plan sera inévitablement bancal. La solution à la crise sera nécessairement décevante, imparfaite, limitée. Elle sera toutefois ancrée dans la réalité, nous préservera des conséquences apocalyptiques d’une guerre en Europe et aura la vertu de permettre aux esprits de se refroidir et de sortir d’une période où le pire est possible (j’ai ici rabouté deux extraits, dont sa phrase finale).

Merci à CFPI, CPAM, Échec à la guerre et Codepink

Notre amie Bianca Mugyenyi de l’Institut Canadien de Politique Étrangère a été l’hôtesse d’un webinaire important hier soir intitulé avec sagacité : voir à travers la propagande, l’invasion russe, les provocations de l’OTAN et la complicité du Canada.

Ses six invités comprenaient un pacifiste ukrainien en direct de là-bas, Yurii Sheliazhenko, et à la tête à Winnipeg d’un groupe ukrainien opposé à la propagande guerrière, M. Glenn Michalchuk.

cutting-through-the-spin

RADIO CPAM www.cpam1410.com opère une station de radio ethnique de langue française à Montréal en offrant une programmation axée sur les besoins des communautés ethnoculturelles francophones d’origine haïtienne, latino-américaine et africaine de la région métropolitaine de Montréal. Sa programmation cible ces trois groupes culturels dans les proportions suivantes : Haïtiens (50%), Latino-américains (35%) et Africains ayant le français comme première ou seconde langue (15%). Je leur ai fourni notre article sur la remise de nos prix APLP de l’année avec nos lauréats Dominique Fils-Aimé et Aziz Fall.

En une entrevue de trois quarts d’heure hier à l’émission le Cabaret des idées avec Donald Cuccioletta et Robert Ismael, reproduite en partie sur notre site [1], aux questions de ces deux journalistes-animateurs remarquablement informés, j’ai en premier lieu cité l’objectivité de MBC qui pose la question première en ces temps troublés : comment arrêter la spirale de guerre.

peace-in-ukraine

Vanter la solution diplomatique, but premier des APLP

Car la solution diplomatique existe, dont nous informe à compte-gouttes Radio-Canada réticente, en accordant parfois le micro à Jocelyn Coulon, l’ex-assistant de Stéphane Dion, évincé comme son patron par Chrystia Freeland, la ministre qui a décidé par-dessus la tête de celle qui est notre ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, d’envoyer des armes à l’Ukraine en violation du Traité de Commerce des Armes de l’ONU signé récemment par Justin Trudeau, on en a parlé dans l’article du 2 mars signé avec Izabella Marengo [2], comme en notre autre article du 27 février.

Or, plutôt que laisser parler les armes, les solutions diplomatiques raisonnables existent, répétons-le car c’est notre premier devoir en tant qu’Artistes pour la Paix d’en informer nos proches. Relire la déclaration de Pugwash international publié sur notre site le 26 février : aucun journaliste ne l’a commentée. Pire elle est camouflée par Pugwash Canada qui a concocté sa propre déclaration bancale et verbeuse qui refuse d’évoquer le péril de l’extrême-droite si présente en notre gouvernement fédéral comme ailleurs. Notre ami Riccardo Petrella à la stature internationale a écrit un texte signifiant qui jusqu’à présent n’a trouvé place dans aucun autre site que le nôtre et dans Pressenza, heureusement remis de ses articles que j’ai dénoncés, favorables aux truckers canadiens occupant Ottawa ! Lisons l’article de Jean-François Caron, prof à l’Université Nazarbayev, dont le titre farfelu Xi Jinping, prix Nobel de la Paix 2022, suggère la seule médiation possible.

D’autres appels à la démocratie existent sûrement que nos médias censurent mais il n’y en a pas de plus important que l’échange téléphonique qu’a tenu avec M. Poutine le successeur des 16 années de pouvoir d’Angela Merkel (de droite mais née en Allemagne de l’Est communiste), le chancelier allemand socialiste Olaf Scholz : le président Poutine l’a assuré que les forces russes ne bombardaient pas Kyiv, qualifiant même de grossière fabrication de propagande les informations sur de telles destructions menées par Moscou (que Radio-Canada répète depuis dix jours sous forme d’inévitabilité consacrée). Il a réitéré ses conditions à notre sens raisonnables.

  • Après avoir autorisé hier des couloirs humanitaires dans les zones de combat, il exigerait un statut neutre pour l’Ukraine, sans arme nucléaire donc pas d’appartenance à l’OTAN (comme Canadiens, on envierait l’Ukraine sur ce point !)
  • L’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie (deux référendums supervisés internationalement ont confirmé la volonté en ce sens de ses habitants).
  • La souveraineté des régions séparatistes prorusses de l’Est ukrainien, Donetsk et Louhansk (à qui les Ukrainiens partisans de l’unité de leur pays devraient malicieusement refiler nos questions référendaires emberlificotées :).

 

Restent bien sûr des points critiques à régler dans une négociation (ultérieure, un point qui devrait être imposé à Poutine par un médiateur de l’ONU) : de quelles frontières exactes se réclameraient ces territoires ? Le concept sérieux sur « la dénazification de l’Ukraine » devra être éclairé sans l’étendre abusivement à une démilitarisation totale, condition de la signature d’une entente (vous voyez que comme pacifistes, on est prêt à des compromis).

Pour sa part, le président Zelensky exige raisonnablement que la négociation se fasse d’homme à homme avec le président russe. On a beaucoup d’exemples internationaux de réussites, issues de tels face à face. Écoutons-le et imposons sa suggestion! Enfin, les membres du G7 ont exigé de leur côté la mise en place rapide des couloirs humanitaires et un arrêt des attaques près des centrales nucléaires en brandissant la menace de nouvelles sanctions, même si un vieil officier a expliqué qu’un commando ukrainien a voulu maladroitement « défendre héroïquement » la centrale en s’interposant avec les tanks russes dont les tirs le neutralisant ont dépassé la cible, sans trop de dommages.

Il est invraisemblable et fichument inquiétant que notre site soit un des rares à dénoncer la tactique de nos démocraties occidentales, supposément ennemies des dictatures militaires, de CENSURER LES APPELS À LA DIPLOMATIE au lieu de quoi elles empilent les faked news de la CIA, du Pentagone et de l’OTAN. Le Devoir s’est surpassé ce matin avec trois scénarios-catastrophes de Sébastien Tanguay mis à la une et avec l’appel irresponsable de Jean-François Lisée à attaquer la Russie ça suffit, allons-y « justifié par l’opinion publique devenue de plus en plus favorable à une intervention directe, malgré les risques, avec 45% des Français, 48% des Américains et 61% des Canadiens ! » victimes de la propagande.

Le but second des APLP, dénoncer la guerre et l’invasion russe

Une fois la tête refroidie par les précédents appels à la négociation diplomatique, auxquels la propagande occidentale nous empêche d’accéder, on ne peut que faire porter le blâme de la guerre sur son principal fauteur, Vladimir Poutine, qui a aggravé son cas en brandissant la menace nucléaire. Écrivons, peignons, filmons comme des artistes opposés à toute guerre, le choc de l’invasion, la peur légitime, le million et plus de réfugiés, la désorganisation de toute vie sociale, économique, culturelle dont nous pensions dans notre confort nord-américain que la COVID représentait le summum.

Trouvons l’indignation légitime pour décrire sans haine des envahisseurs guerriers qui poursuivent leurs objectifs de cibles militaires mais en démolissant les routes, les postes de police, les casernes, les usines suspectes et surtout les maisons ukrainiennes, tous qualifiés avec une légèreté coupable de victimes collatérales dans le jargon militaire. Il faudra devant l’invasion et l’occupation brutales trouver aussi l’indulgence envers la résistance entreprise par ceux et celles qui ont perdu des membres de leur famille, ou leur maison ou les deux et ne sont pas en état de réfléchir au prolongement de la guerre que leurs gestes provoqueront, d’autant plus que les gouvernements occidentaux tout à leurs préoccupations de POUVOIR les y encourageront bêtement. Enfin, comment décrire sans haine la faim et la soif des bébés réclamant à grands cris leur lait inexistant car le bétail s’est dispersé dans la nature une fois les étables éventrées, les grands-parents infirmes abandonnés derrière, les enfants ravagés par la peur vu leur incompréhension de ce qui vient de faire brutalement irruption dans leur toute jeune vie, et la routine du travail sauvagement interrompu sans verser dans le discours de la revanche que la propagande insatiable réclame à grands cris ? Comment se pencher avec commisération aux ravages post-traumatiques infligées aux jeunes conscrits russes ?

Autres objectifs de paix

  • Prouver combien l’OTAN en avalant 14 pays autrefois du Pacte de Varsovie ou de l’ex-Yougoslavie et en accumulant de 2016 à 2021 des dépenses militaires (presque 60% des dépenses mondiales) de 16 à 18 fois plus importantes que la Russie (environ 3,5%) a provoqué la réaction agressive de bête traquée de V. Poutine. Depuis des années, nous documentons ce déséquilibre instable en faisant connaître les statistiques alarmantes du SIPRI. Dénonçons aussi les appels irresponsables au no-fly zone qui déclencherait la guerre mondiale, une fois le premier Mig descendu.
  • Documenter la crainte, exprimée par Ismaël vendredi, de voir les réfugiés, étudiants Noirs de l’Ukraine, victimes de racisme de la part d’une frange néo-nazie en Pologne (relire les commentaires de la note iii de bas de page) tout en remerciant la Pologne d’ouvrir ses frontières aux réfugiés ukrainiens.
  • On a vu la publicité de l’association féministe et pacifiste CODEPINK : en cliquant dessus, on découvre la centaine de manifestations alliées, aussi avec Échec à la guerre et World beyond war qui nous envoie le lien suivant https://worldbeyondwar.org/canadaforpeaceinukraine/

 

Si la pluie verglaçante annoncée nous empêche de nous déplacer demain à la manifestation à 13h à Montréal au Parc Lafontaine près de Cherrier, inondons nos journaux de messages de solidarité à la paix essentiels pour la suite des choses. Give peace a chance est reproduit internationalement. Deux citations que Normand Raymond nous a fait parvenir et qui expliqueraient les 61% des statistiques liséennes :

« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude…» – Aldous Huxley

« Lorsqu’on a découvert que l’information était une opportunité d’affaires, la vérité a cessé d’être importante. » – Ryszard Kapuściński

La paix ou la guerre
Qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Sommes-nous des figurants
Ou des héros de premier plan ?
Rien n’est jamais blanc ou noir 

Rien n’est conquis d’avance
Dans la vraie vie
Il suffit d’arrogance
La paix ou la guerre
Qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Aller le cœur battant
Planter bien haut… le drapeau blanc  

Extraits d’une chanson de Paule Tremblay qui vous espère mardi le 15 mars à la Maison de la Culture Notre-Dame-de-Grâce.

À plus, car on s’attend toujours à plus de votre part aussi, chers membres !

Pierre


[1] http://www.artistespourlapaix.org/?p=21868 amputée du début vu l’heure précipitée de diffusion.

[2] http://www.artistespourlapaix.org/?p=21843 avec les appels d’Échec à la guerre et de Codepink