Evénements du mois

Activités de nos membres










Je suis APLP parce que…

"Je suis artiste pour la paix parce que quand je me monte sur scene, j'ai l'impression de faire la paix avec mon âme et celle du public. Je me retrouve là, en lieu sûr, pour explorer les forces et les failles de nos coeurs, sans danger, sans jugement ni discrimination pour célébrer la beauté de l'humanité. Et si la vie était toujours ainsi ?"
Paule Tremblay, autrice-compositrice-interprete
"C'est la paix et la justice pour tous que chacun d'entre nous souhaite et recherche. Contribuons à construire un monde meilleur, avec notre talent, quel qu'il soit !"
Camille Pelletier Antaya, membre des APLP
"Parce que la paix est toujours à faire, en nous comme avec les autres, et que c’est par l’art que c’est le plus merveilleux de la promouvoir, de la défendre, de la fêter !"
domlebo, auteur-compositeur-interprète
"Les mots de Louise Warren sur le dessaisissement et sur l’intensité préalable à la création me conduisent à Mozart et à Beethoven, à ma fille et à mon fils : je leur souhaite la paix… et travaille tous les jours à ce que ce vœu se réalise !"
Pierre Jasmin, pianiste, membre de l'exécutif de Pugwash Canada
"La paix est loin d’être acquise. Avec l’explosion de l’industrie militaire dans le monde, on aura besoin de nos mots, notre musique, nos films, de notre art pour faire contrepoids. La culture est arme de construction massive."
Guylaine Maroist, cinéaste documentaire
"Je suis artiste pour la paix... Sans la paix, pas d'avenir pour la planète. Contribuer à bâtir une culture de la paix me semble un devoir."
André Jacob, auteur et artiste-peintre, APLP honoraire
"Je suis artiste pour la paix parce que la paix justifie l'espoir ."
Denis Carrier, auteur

À fonds perdu

jasmin_rivard_cacouna

Sur la photo, on voit l’écrivain Yvon Rivard tenant sa pancarte, auprès du vice-président des Artistes pour la Paix, Pierre Jasmin, lors de la marche d’octobre 2014 pour sauver les bélugas d’un projet absurde de construction de terminal pétrolier à Cacouna. Le billet suivant le trouve d’humeur noire.

Parfois, je ne perçois plus que la face sombre du destin québécois

« Au Québec, on écrit toujours à fonds perdu », écrivait Pierre Vadeboncoeur à son ami Paul-Émile Roy, ce qui n’était pas une invitation à cesser d’écrire mais à continuer de le faire sans trop d’espoir que l’œuvre rapporte, c’est-à-dire qu’elle atteigne son public et que celui-ci la fasse fructifier. Écrire à fonds perdu, comme on prête à fonds perdu à quelqu’un qui n’est pas solvable, qui gaspillera ou ignorera ce qu’on lui a donné, c’est rêver et penser sans être sûr que cela contribuera à créer un pays et un monde meilleur.

Cette pensée de Vadeboncoeur, comme le plus beau vers de Miron (« À la criée du salut, nous voici armés de désespoir »), m’a toujours soutenu, comme écrivain condamné à l’anonymat du « petit contexte » et comme Québécois appartenant à « un peuple qui ne sait pas mourir ».

Mais, ce matin, je ne perçois plus que la face sombre du destin québécois, je ne vois plus toute la lumière que l’essayiste s’entêtait à jeter au fond du puits ni les armes que le poète prêtait au désespoir. Je ne vois plus qu’un pays qui s’enlise dans l’insignifiance et l’incohérence, malgré toutes ses richesses naturelles et humaines, un peuple qui a si bien rattrapé en cinquante ans tous les retards historiques qui menaçaient sa survie qu’il les réactualise, un peuple qui sait enfin comment mourir.

Pour pouvoir lire ou écrire, je m’interdis de lire les journaux avant midi. Ce matin, je ne sais pourquoi j’ai dérogé à cette règle, et je ne sais trop comment je pourrai retourner au manuscrit d’une jeune romancière que je lis et annote depuis quelques jours, comment surmonter l’immense à-quoi-bon qui m’est tombé dessus avec la une du Devoir : « Québec donne aux pétrolières le droit d’exproprier » (8 juin 2016). Alexandre Shields souligne immédiatement le caractère régressif de « cette première loi sur les hydrocarbures de l’histoire du Québec », dont « l’esprit provient de la loi sur les mines adoptée il y a plus d’un siècle ».

Enfin le Québec, qu’on accuse trop souvent de se détourner de son histoire, se souvient que, s’il n’a pas su mourir, c’est qu’il a su se vendre, confier à d’autres, qui ne menaçaient pas ses valeurs profondes, le soin d’exploiter son territoire, d’en tirer la richesse que le pays pourra investir dans l’éducation, la santé, la culture. Bien sûr, les gens qu’on dépouillera ainsi de leurs droits, de leurs terres, seront consultés, c’est-à-dire qu’ils seront mis au courant des règles dont ils feront les frais. Les compagnies qui viennent ainsi nous sauver ne sont pas des sauvages. Et puis, il ne s’agit que du « sous-sol », chacun pourra continuer de vivre en toute tranquillité à la surface de sa propriété et y cultiver ce qu’il veut (du gazon, des fleurs, des légumes, des piscines), à moins que la fracturation hydraulique perturbe la nappe phréatique.

Mais pourquoi un tel projet de loi aujourd’hui ? La réponse va de soi, c’est pour préparer l’avenir, « développer les énergies renouvelables », et on ne peut préparer l’avenir qu’en s’appuyant sur le passé, sur ce qui a fait ses preuves : la loi des mines, les forêts cédées aux grandes compagnies, etc. Le Québec qui rêve d’être souverain s’engage à fonds perdu dans l’avenir, il réussit cet exploit de s’exproprier lui-même tout en défendant ses frontières. Son histoire ressemble de plus en plus à un film de Richard Desjardins, une véritable histoire de trou dans lequel nous nous engouffrons sans le voir, parce que nous regardons ailleurs. Pendant que nous négligeons de défendre les plus démunis, la langue française et le territoire, de braves citoyens ici et là défendent leur quartier contre l’invasion musulmane et d’autres jonglent avec la mécanique référendaire. Bien sûr, on peut toujours se dire que c’est la faute de ce gouvernement, mais c’est oublier que les gouvernements précédents n’ont pas fait mieux et que les libéraux sont aussi des Québécois, qu’ils sont issus de la même Révolution tranquille que les nationalistes et les sociaux-démocrates.

La question que je me pose depuis des années et qui resurgit violemment ce matin est la suivante : comment se fait-il que le Québec des cinquante dernières années ait développé tant de compétences dans tous les domaines (artistiques, intellectuels, économiques, etc.), ait favorisé l’émergence d’une véritable conscience sociale, écologique, féministe, et que tout cela aboutisse à tant de médiocrité politique et morale ? Se peut-il que tout ce travail, tout ce dévouement ait été fait à fonds perdu ? Qu’est-ce qui manque au Québec pour qu’il puisse retenir et faire fructifier ce qui s’y fait de mieux, depuis le début de ce pays ? Quel est ce fonds qui lui fait défaut ?

Vadeboncoeur disait, dans La ligne du risque, et dirait encore, je crois, qu’il manque d’infini. Je sais que ce mot fait peur ou fait rire, mais c’est celui qui accompagnait ma lecture du magnifique roman de Monique Proulx, Ce qu’il reste de moi. Pour que ce pays puisse croître, il faut qu’il s’enracine dans l’amour de tous ceux qui l’ont fait et qu’on le partage avec tous ceux qui l’habitent. Ne restera de ce pays que ce qu’il aura donné, sans trop savoir ce que ce sera.

Aucun commentaire jusqu'à présent.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Les APLP suggèrent…

Voici deux organisations humanitaires qui sont actives en Ukraine et dans les pays où les Ukrainiens se réfugient, sans être contrôlées ni par le gouvernement ukrainien ni bien sûr par la Russie.
Note : ces liens mènent directement aux sites web des organismes. Les dons ne transitent pas par les APLP.

Nos actions récentes

20 novembre 2022 : Lettre à la ministre Mélanie Joly : Négociez avec la Russie !
26 septembre 2022 : Événement Nourrir la paix à Rosemont.
17 septembre 2022 : Nettoyage du parc Lucia-Kowaluk pour le Journée internationale du nettoyage de la Terre.
28 juin 2022 : Lettre à la ministre des Affaires étrangères.
28 juin 2022 : Manifestation avec le Mouvement québécois pour la paix
8 mai 2022 : Manifestation Les mères au front à Québec..
5 avril 2022 : Les APLP endossent la lettre du Canada Peace Network contre les dépenses militaires.
27 mars 2022 : Lettre à l'ambassadeur des États-Unis à Ottawa.
26 mars 2022 : Manifestation avec Échec à la guerre contre la guerre en Ukraine et au Yémen.
23 mars 2022 : Lettre à l'ambassadeur de Russie à Ottawa.
23 février 2022 : Lettre à la ministre Joly sur l'Ukraine.
15 février 2022 : 33e cérémonie des Prix APLP.
21 décembre 2021 : Nos souhaits de paix 2022, lettre aux ministres fédéraux.
13 décembre 2021 : Lettre au premier ministre sur l'exportation d'armes vers l'Arabie Saoudite.
21 novembre 2021 : Deuxième lettre au ministre Miller.
27-28-29 octobre 2021 : Lettres aux nouveaux ministres fédéraux Joly, Guilbeault, Anand et Miller.
19 février 2021 : Lettre ouverte au PM concernant Haïti.

Voir toutes nos lettres aux élus »

Remontez dans le temps »

Recherche par sujets