Photo : Yanick Macdonald

Photo : Yanick Macdonald

Les Haut-Parleurs, pièce écrite et mise en scène par Sébastien David, explore le thème de la solitude en montrant les difficultés qu’affronte un jeune de seize ans devant s’adapter malgré lui à un nouveau milieu. Le talent particulier de son auteur est de tirer des couches de sens se nourrissant les unes les autres d’un équilibre habile de la forme et le fond.

Trois personnages se partagent la scène : le Fils de parents divorcés récemment confié à son père qui habite une autre ville, Greta, âgée elle aussi de seize ans, au caractère tumultueux, et le Voisin, sexagénaire un peu ermite malgré lui, électroacousticien passionné de musique et de son. L’amitié du Fils avec Greta sera capricieuse, celle qu’il développera avec le Voisin subira l’épreuve de rumeurs et de préjugés.

L’angle choisi, celui du sonore, établit la musique en tant qu’organisation du chaos, et permet de faire évoluer les personnages tant comme des haut-parleurs diffusant leurs questions, leurs humeurs et leurs réactions au monde que comme des micros qui captent les rumeurs, les modifient plus ou moins avant d’en devenir complices ou non. La bande sonore et la musique ont fait l’objet d’un soin et d’une réflexion spécifiques de David et de son complice musicien Olivier Girouard. Celle-ci va bien au-delà de l’usage habituelle d’une trame d’ambiance. Son et musique deviennent ici des personnages poétiques en lien avec les protagonistes qui de plus décrivent souvent les images qu’ils suscitent pour eux. Dès lors, les répliques participent à une partition générale qui convoque des décors imaginaires dans un dispositif minimaliste. L’histoire se déploie autant dans la pensée des personnages que dans les lieux réels, ces deux paliers échappant à la hiérarchie habituelle.

Défendue par la justesse des trois comédiens (Marie-Hélène Bélanger, Guillaume Gauthier, Richard Thériault) et l’apport cohérent de toute l’équipe, Les Haut-Parleurs diffuse un message théâtral à la fois original et touchant. À l’affiche du TDP, salle Fred-Barry, jusqu’au 21 novembre.