Article en quatre parties :
1- Hamza Babou
2- Judi Richards aide les étudiantEs
3- Omar Khadr harcelé par les conservateurs
4- Quatre signes encourageants pour le progrès de la démocratie

 

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Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Me Grey s’exprimait sur Radio-Canada, aujourd’hui, à propos de l’étudiant uqamien mis en une détention préventive que dénoncent aussi les Artistes pour la Paix. Amir Khadir s’est dit inquiet du sort réservé au militant étudiant Hamza Babou qu’on voit au centre de cette photo, non masqué et paisible. Se pourrait-il que le juge Denis Laberge ait été impressionné (!) par son nom étranger (!!) et sa barbe (!!!) en décrétant que «l’opinion publique serait découragée [si je vous remettais en liberté]»?

Comme l’ont rapporté nos journaux, le député de Québec solidaire a rappelé en point de presse, en compagnie de l’expert en droit constitutionnel Julius Grey, dimanche avant-midi, que ce jeune homme avait été arrêté pour son implication dans les récentes perturbations survenues le 14 avril dernier à l’Université du Québec à Montréal lors d’une tentative de levée de cours.

Plus tard, au cours d’une entrevue à La Presse Canadienne, le représentant de la circonscription de Mercier à l’Assemblée nationale a dénoncé le fait que le prévenu soit toujours détenu sans possibilité de libération sous caution. Aux yeux de cet élu, appuyé par nul autre que le chroniqueur de La Presse Yves Boisvert (d’habitude parmi les grossiers dénonciateurs des manifs étudiantes), il s’agit d’une «grave atteinte aux droits de l’individu».

Le député a poursuivi en disant que «dans notre système de justice, en principe, tout accusé est réputé innocent jusqu’à ce qu’il soit condamné en cour, raison pour laquelle on ne refuse presque jamais […] une libération conditionnelle».

Selon Amir Khadir, Hamza Babou est victime d’«une répression injustifiée» alors que «le système démocratique devrait plutôt s’employer, avec la plus grande obsession, à préserver le droit à la dissidence politique. L’institution de la justice se trouve sur un terrain glissant où, de manière expéditive, on s’abat sur la contestation politique alors que, de l’autre côté, on voit à quel point on est soucieux du détail, de la rigueur et du respect des droits … quand il s’agit de bandits à cravate. Cette approche de deux poids, deux mesures est une atteinte très grave à la crédibilité du système», a-t-il conclu. Une semaine après ces interventions médiatisées, un juge plus respectueux du droit et moins attentif à la mob rule a remis M. Babou en liberté.

Illustrant la dissidence et le droit de manifester, nous sommes reconnaissants à l’étudiante du CEGEP St-Laurent Cori Griffith-Garneau de nous avoir fait parvenir les deux photos suivantes, qui montrent bien, à visages découverts, les dangereuses menaces (!!!) des manifs du dernier mois à la démocratie totalitaire qui s’exprime par la bouche de 97% des éditorialistes (selon une enquête).

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Quant à notre vice-présidente Judi Richards, elle démontre une toute autre approche que la répression et les coupures face à la jeunesse étudiante. Pour une 5ième année de suite, elle a travaillé sans relâche à organiser le Show de la réussite pour la persévérance scolaire qui a permis, avec ses invités Robert et Jérôme Charlebois ainsi que Claudine Mercier et Louise Forestier à la Place des Arts, d’amasser jeudi dernier 385 000$ : on peut encore contribuer sur www.arts-etudes.org !

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Manque de compassion élémentaire, à propos d’Omar Khadr.

Lettre, dont copie nous a été envoyée par le professeur émérite de l’UQAM, le philosophe GEORGES LEROUX, au ministre conservateur Jacques.Gourde@parl.gc.ca

Objet : Au sujet de M. Omar Khadr

Cher Monsieur Gourde,

J’ai pris connaissance de votre position concernant l’emprisonnement de
M. Omar Khadr. Si je vous comprends bien, vous vous opposez à sa remise
en liberté conditionnelle, car vous croyez que le crime qu’il a commis
exige que sa peine soit purgée jusqu’à son terme. Je veux vous faire part
de ma vive réprobation de cette attitude punitive. M. Khadr avait quinze
ans lorsqu’il fut entraîné par des membres de sa famille dans une action
guerrière en Afghanistan, pays que nous avons comme canadiens décidé
d’envahir suite aux attentats du 11 septembre 2001. Il me semble
difficile de soutenir que les actes reprochés à un enfant soldat méritent
que nous gâchions sa vie et lui interdisions toute perspective de
réhabilitation dans notre pays. Le juge a statué que sa remise en liberté
ne présente aucun danger pour la société, mais selon vous, c’est plutôt
l’aspect punitif qui doit être considéré. Omar Khadr doit être châtié.
Comment pouvons-nous justifier une telle attitude ? Le parti conservateur
auquel vous appartenez défend une approche punitive qu’on peut comprendre
dans les cas de récidive anticipée ou de non réformabilité, mais je ne
crois pas que votre parti défende une approche purement punitive, opposée
à tout réformisme pénal. Je vous exhorte donc à considérer les bienfaits
d’une approche humanitaire, soucieuse de réhabilitation. Nous avons fait
assez de mal à l’Afghanistan, je pense comme le sénateur Roméo Dallaire
qu’il est plus que temps que nous nous montrions plus humains et
compatissants.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à la présente, et vous
prie d’accepter l’expression de mes sentiments les meilleurs !

Les Artistes pour la Paix ont pris position dans ce dossier dès 2008 en écrivant au président Obama dès le lendemain de son élection pour clamer que les circonstances entourant l’arrestation d’Omar Khadr en Afghanistan lors de l’invasion du pays en 2001 ne permettaient pas d’affirmer sa culpabilité. Plusieurs de nos lettres au gouvernement conservateur ont ensuite plaidé que son statut de jeune garçon de 15 ans, enfant-soldat influencé par un père fanatique, DEVAIT conduire à sa libération, son emprisonnement à Guantanamo étant particulièrement honteux. En vain! On a l’impression que l’acharnement sadique des conservateurs ne cherche depuis quatorze ans qu’à provoquer chez le jeune homme une explosion de haine qui justifierait, après coup, leurs suspicions odieuses. [ La démocratie totalitaire Harpérienne, représentée par la tronche déconfite du ministre de la Sécurité Blaney, a mordu la poussière, au lendemain de la victoire si rafraîchissante du NPD aux élections provinciales d’Alberta, devant une cour d’appel de la même province. Cette dernière a résolument tranché, une semaine et demie après la lettre de M. Leroux aussi publiée par Le Devoir, en faveur de la libération d’Omar Khadr, qui a demandé humblement aux Canadiens de lui faire confiance. Son avocat était moins réservé, fulminant contre des années d’obstruction de la part de « Harper, an anti-Muslim biggot ». Ces mêmes conservateurs ont subi une autre rebuffade de la Cour Suprême le 14 mai à propos d’Omar Khadr, mais ces tentatives de le démoniser sont faites à un coût pour les contribuables!]

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De légers signes de démocratie en progrès

  1. De légers indices, par ailleurs, nous font croire à des progrès pour la démocratie directe. Des députés en poste sont battus par des militants locaux qui, eux, ont soigné les liens avec la population et des candidats choisis par l’élite des partis mordent la poussière dans le processus de désignation local par comtés. Par contre, dans un de ces derniers cas, on a vu la journaliste Pascale Déry mordre la poussière dans Mont-Royal devant le futur candidat conservateur, Robert Libman, bien connu pour son opposition à la primauté du français au Québec et pour ses appels à la partition du Québec en cas de proclamation d’indépendance! On est dans ce cas plutôt en face d’un progrès de l’intolérance et même de possible appel à la guerre civile…
  2. Par ailleurs, nous félicitons l’artiste Claude Legault, gagnant d’un trophée de meilleur comédien dans la série 19-2, qui a reçu en outre « une autre belle preuve d’amour de la population » en étant choisi au Gala ARTIS personnalité masculine de l’année 2015 : il en a profité pour se déclarer rassuré par cet hommage « en période d’austérité et de coupures sauvages« , déclenchant la colère médiatisée du député libéral Serge Simard (ce qui explique sans doute son statut d’ex-ministre, quoique madame Saint-Pierre rivalise avec lui en propos colériques…)
  3. Lors d’un grand rassemblement interculturel pour l’indépendance, le chef du Bloc Mario Beaulieu a déploré les préjugés et la «propagande fédéraliste» selon lesquels son parti serait raciste. Bernard Landry y a rappelé que le premier Latino élu au Parlement du Canada faisait partie du Bloc et Maka Kotto, député du Bloc avant d’être élu pour le PQ, a discouru contre cette fausse impression combattue aussi par Ibra Kandji, président de la Commission de la citoyenneté du Bloc : ce dernier a pour sa part indiqué que « l’indépendance se fera avec tous les Québécois, sans distinction » et qu’il est « faux de dire que les immigrants perdront leurs droits si le Québec devient indépendant ». M. Beaulieu en a profité pour vivement dénoncer le multiculturalisme, prôné par beaucoup de militants fédéralistes, pour encourager plutôt l’interculturalisme, qui «rattache les Québécois à un tronc commun» tout en conservant leurs différences. « Combattons le multiculturalisme à la [Pierre Elliott et Justin] Trudeau. Appuyons plutôt le Bloc québécois, qui prône l’intégration [des immigrants] », a renchéri Mme Thaï Thi Lac, députée du Bloc élue en 2007, réélue en 2008 mais battue en 2011. Enfin, Martine Ouellet, seule candidate de la course à la chefferie du PQ présente au rassemblement, estime que sa formation politique doit elle aussi « rebâtir les ponts » avec les Québécois venus d’ailleurs. Voilà des propos qui nous rassurent un peu sur les intentions de nos partis nationalistes…
  4. Soulignons le travail de madame Hélène David comme ministre de la Culture en faveur de la démocratisation des livres: elle semble confirmer la tradition de bons ministres libéraux de la Culture (pensons à Jean-Paul L’Allier). Cette remarque a été faite bien avant les coupures de 2.5 millions de $ au CALQ!