Professeur retraité depuis moins d’un an de l’UQAM et vice-président des Artistes pour la Paix, je ne peux rester indifférent à ce matraquage médiatique de titres destructeurs («saccage à l’UQAM »), d’éditoriaux blâmant unilatéralement les étudiants manifestants et de prises de position sans réserves en gros titres en faveur du recteur (Lise Bissonnette, Bernard Landry) mais surtout d’imprécations contre le syndicat des professeurs (Yves Boisvert, Richard Martineau etc. ). Je crois que ni la démission de Mme Nevert, ni celle de M. Proulx, ni l’expulsion d’étudiants n’arrangera quoi que ce soit et c’est pourquoi ma position ne sera pas populaire: elle blâme chacune des parties, mais je la crois néanmoins utile pour entreprendre un dialogue constructif à l’intérieur d’une UQAM dont je suis et reste fier.   Cet article a aussi été publié sur: http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=5979

Appel à la non-violence L’appel du Syndicat des Professeurs de l’Université du Québec à Montréal le 10 avril 2015 résonne, porté par la voix de sa présidente Michèle Nevert, qui s’est même interposée cette semaine entre matraqueurs et étudiants. C’est un appel que tout comme Max Roy, président de la Fédération des Professeurs d’Universités, nous croyons irrésistible : «Nous condamnons vigoureusement tout acte de violence, d’intimidation et de vandalisme commis à l’intérieur de l’université, nous réitérons notre appel au calme, au respect et au dialogue. Nous appelons les associations étudiantes à exercer leurs moyens de pression légitimes dans les limites de leur application en régime démocratique (respect des personnes et des biens, limitation des levées de cours aux effectifs étudiants concernés, encadrement des actions pour éviter les débordements), et nous réitérons notre appel à la direction de l’UQAM qu’elle sursoie aux mesures contestées (expulsions, injonctions, recours à la police). »

Responsabilités partagées

Quant aux actes disgracieux des derniers jours, nous en imputons la responsabilité en premier lieu au ministre de l’éducation, François Blais, que la députée de Québec solidaire Manon Massé a accusé à bon droit de jeter de l’huile sur le feu. Le ministre est membre d’un gouvernement sauvagement néolibéral qui attaque l’éducation publique, sans toucher aux écoles privées, et assène au système de santé des coupures en règle qui pénalisent les plus faibles de notre société, comme l’a dénoncé notre article de novembre sur l’austérité http://artistespourlapaix.org/?p=6505. Ses coupures budgétaires (ou celles de son inénarrable prédécesseur Yves Bolduc) ont été assénées à l’UQAM, son alma mater, déjà davantage pénalisée que toutes les autres universités.

On lira ou verra à ce sujet notre présentation à la Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012, datée d’octobre 2013, sur http://artistespourlapaix.org/?p=2987. Cet article, en page d’accueil de notre site depuis octobre 2013, s’accompagne depuis un an du rapport officiel de la Commission, rejeté avec une inconscience rare par le gouvernement libéral : or, on ne compte plus, depuis une semaine, les articles qui le citent, en regrettant ne pas voir appliquées ses solutions et recommandations.

Nous imputons en deuxième lieu une responsabilité à la ministre de la Sécurité Publique Lise Thériault qui n’a pas su discipliner la police, malgré nos recommandations qui lui ont été exprimées le 28 mars dernier par une lettre qu’on trouve sur http://artistespourlapaix.org/?p=6988 : les débordements policiers, tant au contrôle de foule à Québec que lors de leur intrusion grotesque à l’UQAM, sont une disgrâce, en particulier cette présence d’une cohorte armée, bottée et casquée à l’intérieur d’une enceinte où l’étude et le dialogue devraient primer, et ces images ont dû choquer bien des auditoires internationaux cultivés. Nous croyons que le recteur Robert Proulx porte aussi une responsabilité pour n’avoir pas transmis efficacement aux autorités libérales l’urgence de la précarité financière de l’université la plus pauvre et la plus sacrifiée du Québec et pour avoir obéi aux consignes policières du ministre Blais : nous osons espérer qu’il a été aussi horrifié que nous de la manière dont les policiers ont appliqué les consignes de l’injonction. Pourquoi ne l’exprime-t-il pas, ne serait-ce que par compassion envers les étudiants frappés? Enfin, l’austérité préconisée par le gouvernement québécois est une conséquence des coupures téléguidées à Ottawa par les gouvernements successifs libéraux et conservateurs, en particulier celui libéral de Paul Martin qui a coupé d’immenses sommes en transferts au Québec et celui conservateur de Stephen Harper qui a préféré consacrer des milliards de $ à l’achat d’équipements militaires d’attaque pour faire des guerres en Afghanistan, en Irak et maintenant en Syrie ET EN UKRAINE. Toutes les discussions sur la politique de rigueur québécoise et sur l’immoralité des grévistes tournent en rond quand elles ne mentionnent pas ce fait incontournable.

Jeunesse turbulente

Les Artistes pour la Paix croient en la jeunesse et invitent, sans grande illusion, toutes les personnes que nous venons de blâmer à réitérer leur foi en celle-ci. Des dirigeants qui ne croient pas en la jeunesse sont indignes de diriger, surtout quand celle-ci les interpelle pour leur inconscience criminelle et leur refus par collusion économique d’entendre les cris d’alarme des scientifiques et de l’ONU quant aux changements climatiques, principalement aggravés au Canada par l’exploitation des sables bitumineux. Mais la jeunesse doit aussi croire en elle-même : lorsque Camille Godbout a exprimé l’idée raisonnable que la grève n’était plus le moyen idéal pour assurer le succès de la contestation des politiques pro-hydrocarbures du gouvernement, elle aurait dû être écoutée, non renvoyée par l’ASSÉ.

Quand des étudiantEs, telle une agitatrice élue au C.A. de l’UQAM et même jusqu’au C.E., expriment leur nihilisme par des encouragements à des manifestations violentes, à des graffiti, à du vandalisme, quand samedi le 4 avril dernier, un peu à la façon des étudiantEs qui avaient rejeté en juillet 2012 leur représentant Gabriel Nadeau-Dubois, ils désavouent cyniquement ceux et celles qui avaient vaillamment accepté de véhiculer le message écologique et démocratique à l’origine du mouvement de grève, ils doivent porter la responsabilité de la défaite du mouvement. Leur mob rule et allergie à toutes autorités électives, dont les fonctions les mènent forcément en contact avec les autorités avec qui elles entreprennent un dialogue, les empêchent de reconsidérer leur stratégie à la lueur de nouveaux éléments.

Quand, suivant la consigne de l’ASSÉ, des syndicats d’enseignants ont décidé de suivre les recommandations anarchisantes de leurs membres de ne pas témoigner à la Commission spéciale disposée à les entendre en 2013, ils ont hélas, de façon irresponsable, ouvert la porte à la crise actuelle et à son envenimement par des occupations désordonnées contre un gouvernement libéral qui, lui, a beau jeu de ne rien vouloir entendre. Ces syndicats, dont le SPUQ, ont ainsi inconsciemment pavé la route du contrepouvoir du Black Block cagoulé et armé, ainsi que de ses actes de vandalisme et d’intimidation.

Jeunesse à genoux

Quand, à l’inverse, des élèves obéissants comme des caniches veulent remplacer la démocratie par des référendums sans âme sur des listes informatisées ou, pire, judiciariser le conflit en contestant la validité des votes de grève (lorsqu’ils les perdent!), quand ils révoquent le droit même à la grève, ne se rendent-ils pas compte qu’ils favorisent l’émergence de dictatures néolibérales dans notre société déjà fortement à risque?

Quand on entend sur les médias sociaux ou de la part de nos obéissants éditorialistes que les élèves n’ont qu’un devoir, celui de réussir leurs études sans avoir le droit de contester, on assiste au degré zéro de la citoyenneté, où le travailleur n’a qu’à travailler, même s’il est mal payé et non-syndiqué, même s’il risque sa vie dans une usine fabriquant des bombes nucléaires, des drones armés ou des F-35, c’est-à-dire Honeywell, Lockheed Martin et Northrop Grumman aux USA. Ces compagnies d’armement ont reçu douze milliards de $ dans les trois dernières années de la part de la Banque Scotia, de la Financière Power Corporation (fière commanditaire de la Chaire Raoul-Dandurand à l’UQAM et propriétaire de La Presse) et de Sun Life Financial, dont la PDG Isabelle Hudon avait été choisie par Jean Charest pour présider le C.A. de l’UQAM.

Selon le rapport hollandais daté de novembre 2014 www.dontbankonthebomb.org, il s’agit dans le cas seul de Sun Life de plus de 6 milliards de $! L’austérité n’est pas pour tout le monde, semble-t-il… Les recteurs Corbo et Proulx doivent porter l’odieux d’avoir sans protester livré l’UQAM à de tels prédateurs que les Artistes pour la Paix dénoncent depuis quatre ans. L’université, que nos riches élites contraignent de plus en plus à favoriser la guerre, a pourtant, selon l’UNESCO, le devoir de former des citoyens qui nourrissent la paix!

En définitive, ce sont nos banquiers et nos Chambres de Commerce dirigées par Françoise Bertrand, ancienne directrice de la Gestion des Ressources de l’UQAM, qui sont les véritables responsables d’une violence institutionnelle inhumaine, celle qu’on inflige à des millions d’êtres humains à l’étranger (Syrie, Irak…), et celle assénée à notre jeunesse qui se révolte : c’est cette violence institutionnelle qui a favorisé les paradis fiscaux et les inégalités sociales qui finissent par engendrer le désespoir voyou des Black Blocks.

felicitations_garnotte Droit de grève des étudiantEs et supposée « réserve » des enseignants

Voici un extrait d’un texte du 9 mai 2012 par trois professeurs : Mélissa Grégoire (CEGEP de l’Assomption), Yvon Rivard (McGill) et Martin Godon (CEGEP du Vieux-Montréal) :

« Si on estime que les professeurs ont un «devoir de réserve» dans le conflit étudiant, les professeurs signataires de ce texte défendent le point de vue inverse, à partir d’une expérience et d’une conception de l’enseignement qui ne peut pas dissocier l’éducation et le politique. Pourquoi enseigner ce qu’est la beauté, la vérité, la justice, pourquoi réfléchir à la complexité du langage et des idées, des choses et des êtres, si cette connaissance ne se traduit jamais concrètement dans la sphère sociale? Mettre les connaissances à l’épreuve du réel, comme les théories scientifiques doivent être soumises à l’expérimentation, n’est-ce pas, en partie, la tâche du professeur? Le danger serait justement de ne jamais soumettre la pensée à une telle épreuve; c’est ainsi qu’elle peut, sans le savoir, devenir aberrante ou stérile.

Or, ce sont les politiciens, les journalistes, les chroniqueurs, les comptables lucides, les anciennes célébrités, les donneurs de leçons condescendants et paternalistes, qui nous demandent de rester au-dessus de la mêlée. Tous ces «profs» improvisés n’auraient pas, eux, à se soumettre au «devoir de réserve». Eux, dont l’autorité repose le plus souvent sur leur seule célébrité, invitent les autres professeurs enfermés dans leur classe, dans leur «tour d’ivoire», à leur laisser la place, car lorsque les choses deviennent sérieuses, lorsque la pensée doit s’occuper du réel, ces derniers n’auraient plus la compétence voulue pour éduquer leurs propres étudiants. C’est alors à eux, à ces «profs» médiatiques, que reviendrait le devoir d’éduquer les étudiants et le bon peuple au nom du «gros bon sens», du «budget», de la «majorité silencieuse», de la «loi et l’ordre».

Partant de ce droit, même de ce devoir de s’exprimer, condition de leur participation citoyenne à laquelle l’université ou le CEGEP les forme, les étudiants ont droit de recourir à la grève, par des moyens démocratiques : assemblées dûment convoquées et droit au vote secret, s’il est exigé, pour éviter toute intimidation. Mais n’oublions jamais que l’intimidation ne vient pas du seul côté des partisans de la grève, elle est constante et commanditée à coups de millions de $ par la société de consommation, les $ du complexe universitario-militaro-industriel et des éditoriaux matraques sur toutes nos télévisions, dans tous nos journaux : pas étonnant, hélas, que les malheureux jeunes journalistes de terrain fassent parfois les frais de la colère des étudiants qui se sentent floués par les médias d’information, ceci dit non pour excuser leur violence, mais pour la comprendre.

Grève inopportune? Hélas, oui

En 2012, les Artistes pour la Paix étaient dans la rue avec les étudiantEs et favorisaient la grève. En 2015, nous nous sommes opposés à la tactique de la grève : les médias font une confusion présentement entre le droit de grève qu’il faut protéger et l’opportunité de la grève que les APLP ont contestée, tout comme la population qui prend acte de la présence d’un gouvernement majoritaire qui plus est appuyé par la CAQ devant qui cette grève non coordonnée avec les syndicats et groupes communautaires allait échouer. _____________________________________________________________ Voici le courriel que j’avais fait parvenir aux membres du conseil d’administration des Artistes pour la Paix le 10 mars dernier, pour les convaincre malgré la concordance des idéaux des étudiants et des artistes, de ne pas appuyer le mouvement de grève, malgré notre compréhension entière de la contestation étudiante.

Espagne 1936 « José n’est plus le même. Il a dans le regard le reflet de visions inouïes, ineffables, et à la bouche des mots d’un autre monde (…). Il trouve une ville qui a chaviré jusqu’au vertige, morale culbutée, terres mises en commun, églises transformées en coopératives, cafés bruissant de slogans. Et sur tous les visages une allégresse, une ferveur, un enthousiasme qu’il n’oubliera jamais. Il découvre alors des mots si neufs et si audacieux qu’ils transportent son âme de jeune homme. Des mots immenses, des mots ronflants, des mots brûlants, des mots sublimes, les mots d’un monde qui commence : révolution, liberté, fraternité, communautés … Il apprend à lever le poing et à chanter en chœur… il crie avec d’autres À bas l’oppression, Vive la liberté,… Il se sent exister. Il se sent meilleur. Il se sent moderne, et son cœur déborde. Il comprend tout à coup ce que signifie être jeune. (…) Il mesure en même temps combien sa vie jusqu’à ce jour fut morne, et pauvres ses désirs. Il perçoit dans ce grand souffle noir quelque chose qu’il appelle, parce qu’il ne dispose pas d’autre mot, poésie. »

Tirées de « pas pleurer » de Lydie Salvayre (prix Goncourt 2014), ces phrases inspirées (in spiritus = souffle) décrivent l’état d’âme de son « héros », avant que la révolution divisée entre rouges et anarchistes à laquelle il participe se fasse écraser, malgré l’appui de quelques idéalistes internationalistes (dont Ernest Hemingway et Norman Bethune), par le général Franco soutenu par les armées Nazies et fascistes qui ne tarderont pas à mettre à mal l’Europe et le reste du monde.

S’il est peu exagéré de lier ces mots inspirés à ce que ressentent les foules rassemblées de nos jours par les mouvements Podemos en Espagne et Syriza en Grèce, ce serait sans doute défaitiste et grandiloquent de les lier au prélude cauchemardesque que nos idéaux, tels qu’exprimés par nos rêves du printemps érable, se fassent démolir par le général Harper, avec l’aide du caporal Couillard.

Photo Jacques Nadeau, Le Devoir

Photo Jacques Nadeau, Le Devoir

Par ailleurs, les mots de Salvayre suscitent un malaise chez nos membres enseignants qui perçoivent hélas des divisions semblables entre d’une part, les étudiants écologistes et pacifistes de gauche, inspirés, et d’autre part, les black blocks et autres vandales assez désespérés pour croire qu’il vaut mieux détruire ce monde que travailler, comme nous, les Artistes pour la Paix, à sa recréation. Il ne s’agit pas de renier nos idéaux si bien exprimés en 2012 par notre groupe.

Nous avons certes l’intention de rester solidaires avec le mouvement syndical, étudiant, communautaire et nous dénoncerons clairement l’austérité des libéraux comme une fumisterie, avec ses coupes ciblant les femmes, les ouvriers, les enseignants, les étudiants et les artistes, épargnant les abris fiscaux de leurs copains corrompus et les projets comme la cimenterie polluante à l’excès de Port-Daniel initiée par le PQ.

Mais force est d’admettre en 2015 un contexte politique moins favorable qu’il y a trois ans : rappelons-nous alors le gouvernement vieillissant Jean Charest et ses ministres corrompus Nathalie Normandeau, Line Beauchamp, Michelle Courchesne et Tony Tomasso démissionnaires ou usés à la corde, essoufflés en fin de parcours, et nous nous sommes levés ensemble contre les deux projets que le parti libéral s’apprêtait à subventionner, la mine d’amiante Jeffrey et la centrale nucléaire Gentilly 2 (lire notre article sur les 9 milliards de $ que nous avons épargnés à la société québécoise sur http://artistespourlapaix.org/?p=5958), contre les 80% d’augmentations de frais étudiants assénées avec le refus méprisant du gouvernement québécois de rencontrer (simplement rencontrer!) les représentantEs étudiantES exemplaires, nous avons marché solidairement malgré l’arrogante Loi 12, dénoncée tant par l’ONU que par Amnistie Internationale, la Commission des droits de la personne et le Barreau du Québec !

Nous sommes avant tout pacifistes et démocrates, sans illusion face au gouvernement libéral majoritaire au pouvoir jusqu’en 2018-19, à moins d’un effondrement dont la « démission » du ministre Bolduc, les contestations anti-Barrette et l’élection hier [courriel du 10 mars!] d’un nouveau député péquiste ne constituent pas des prémices concluants. Il est un autre gouvernement qui lui veut se faire réélire sur le projet de la loi « sécuritaire » répressive C-51, appuyé au début par 81% des Canadiens, y compris les Libéraux de Justin Trudeau.

En 2012, notre slogan de la campagne électorale québécoise était de ne voter ni CAQ ni Libéral, sans aller jusqu’à endosser le PQ, ou Québec solidaire ou l’Option Nationale ou le Parti Vert. De même, en vue de la campagne électorale d’octobre 2015, nous appelons à ne voter ni Libéral ni surtout Conservateur. Le NPD, le Parti Vert, le Bloc Québécois ou le Parti des Régions seront à privilégier, en espérant que les électeurs ne perdent pas de vue la stratégie nationale de sortir les Conservateurs du pouvoir. Car il s’agit d’être réaliste dans notre idéalisme et de constater que le gouvernement conservateur démolit, chaque jour à Ottawa depuis sept ans qu’il est au pouvoir, ce en quoi nous croyons le plus fermement : la solidarité internationale, la justice sociale et l’objectif du désarmement mondial, en particulier les armes nucléaires.

N’oublions pas non plus que dès les années 80, les APLP endossaient le slogan de l’écologiste Pierre Dansereau, « l’austérité joyeuse », repris dans les décennies suivantes par Serge Mongeau et Dominique Boisvert sous le vocable de « simplicité volontaire » et récemment par l’écrivain animateur de Reporterre Hervé Kempf, avec « sobriété intelligente ». Notre combat contre l’austérité libérale se devrait donc d’être très nuancé, pour ne pas renier nos idéaux. »

En conclusion

Qu’ajouter? Jean Bédard a écrit dans Marguerite Porète : « Ils cherchent à répandre la panique. Mais nous n’entrerons pas dans leur jeu, nous allons continuer à vivre en paix chaque heure que nous pourrons vivre en paix. La plus grave conséquence de leur violence, c’est qu’elle engendre la peur, et par la peur arrive le désespoir et, par le désespoir, nous devenons soit violents, soit soumis, et tout s’aggrave. Nous avons devoir d’espérance, nous avons devoir de bonheur…

Les Artistes pour la Paix vont donc tenter de continuer à susciter en la population l’espoir, par leurs chansons, œuvres d’art, articles sur le site www.artistespourlapaix.org , manifs, manifestes (pour un élan global, par exemple) et par des tracts comme le suivant distribué à Québec pendant la manif de l’élan global:

bombarder_rev3 Contrairement aux médias quasi unanimes, continuons à en appeler à un apaisement des tensions en nous adressant en priorité aux dirigeants canadiens et québécois, pour qu’ils résistent aux sirènes de l’enrichissement individuel et pensent au bien commun : ainsi comprendraient-ils le moteur des actions étudiantes, même celles mal inspirées…


 

Addendum : copie d’un courriel adressé à une prof de l’UQAM le 5 octobre dernier

Le 14-10-05 22:26, « Jasmin, Pierre » écrit : Tu sais mon ambivalence face aux étudiants. Face aux sauvages attaques du gouvernement voulant augmenter les frais de scolarité, je les ai défendus en marchant à toutes les grandes manifs du printemps érable. Par contre, je suis viscéralement opposé à tout vandalisme et les pancartes qui, en ce temps de fanatisme, parlent de « commencer par couper les têtes », me donnent la nausée. Ce n’est pas possible de faire un tel humour en octobre 2014. Interrompre une réunion de l’Institut du Nouveau monde (est-ce une cible prioritaire pour faire la révolution??? Quelle stupidité!), comme les carrés rouges boycottaient la réunion du ministre de l’éducation péquiste ou la Commission du printemps 2012, m’ont paru dans le passé des actions contreproductives : ne fallait-il pas expliquer le pourquoi de nos actions quand on avait en face des gens prêts à écouter? C’est ce que j’ai tenté de faire (sur le site des APLP, en haut, témoignage devant M. Serge Ménard et Claudette Carbonneau), même si le SPUQ a adopté la tactique de la CLASSE de boycotter la Commission. Bref, j’aimerais que tu me parles de tes opinions là-dessus. La conjoncture est extrêmement difficile, les jeunes en souffrent davantage que les gens de ta génération ou de ma génération. Mais il faudra une intelligence aigüe pour entreprendre des actions qui réveillent la population et ne font pas juste la choquer.
Bonne nuit, Pierre