NDLR : Nous republions ici sans aucune retouche ce texte rédigé en janvier 2014. Malala Yousafzai est à Ottawa aujourd’hui pour recevoir officiellement la citoyenneté canadienne honoraire qui lui avait été décernée en 2014.

Malala Yousafzai

 

Malala Yousafzai a été plébiscitée à travers le monde par plus d’un million et demi de signatures en quelques semaines, dont la nôtre aux Artistes pour la Paix. Cette enfant au destin extraordinaire a d’abord survécu à un attentat, hélas représentatif du fanatisme dégénéré de l’islamisme radical, survenu le 9 octobre 2012 au Pakistan.  S’ensuivirent de longues semaines entre la vie et la mort pour cette écolière de quinze ans transférée dans un hôpital londonien, puis un double miracle : sa survie et surtout son courage intact et même ragaillardi pour bravement contrer le sexisme violent de ceux qui avaient tenté par un attentat à l’arme à feu de l’empêcher d’accéder à l’école.

Invitée en juillet à l’ONU, le jour de son seizième anniversaire, par le Secrétaire général Ban Ki-moon, elle a livré d’une voix forte et d’un regard brillant un discours inspiré sur l’éducation des filles dans le monde, en particulier à l’intention de son propre pays, le Pakistan. « Aujourd’hui n’est pas le jour de Malala, c’est le jour de toutes les femmes, de tous les garçons et de toutes les filles qui ont élevé la voix pour défendre leurs droits« , a clamé la fragile jeune femme au micro de la tribune des Nations-Unies à New-York. « Je ne suis pas ici pour parler de revanche personnelle contre les talibans : je suis ici pour défendre le droit à l’éducation pour tous les enfants », a-t-elle ajouté.

La dixième réunion du conseil d’administration APLP 2012-2013 s’est conclue à la mi-août par des éloges unanimes à l’endroit de celle qui est ainsi devenue notre favorite sentimentale et logique, à cause de la portée féministe et humaniste de son appel, pour l’obtention du titre de « personnalité de l’année ». D’autant plus que devant l’adulation des pays occidentaux (en particulier du président Obama), elle a refusé de devenir une personne riche et célèbre en tournée festive permanente, instrumentée comme symbole éclatant de la guerre aux Talibans. Elle a plutôt fermement condamné l’une des causes principales de l’exacerbation du fanatisme musulman à travers le monde: les attaques meurtrières sur différents pays musulmans de drones armés américains. Ces  drones qui sont loin d’être des armes chirurgicales frappent des familles entières. Ils sont fabriqués par Lockheed Martin et Northrop Grumman, compagnies financées par, entre autres compagnies canadiennes, Sun Life Financial et Power Corporation (voir www.dontbankonthebomb.com ): vous nous trouvez fatigants de revenir là-dessus, mais pouvons-nous exprimer un souhait naïf pour 2014, que des représentants de ces compagnies viennent nous remercier (ou pas, l’important n’est pas là) de les avoir détournées de cet argent souillé du sang de tant de victimes innocentes? Mais pour cela il faudrait que chacune de nos lectrices s’active à relayer cet article des centaines de fois.

Nous avons reçu en juillet du père de Malala Yousafzai une lettre exprimant sa gratitude :

As Malala’s father I want to express my personal gratitude and that of Malala and the whole family to you for signing the petition which gathered 1.4 million signatures in just a few weeks. I hope you will continue to take an interest as www.aworldatschool.org calls on you, from time to time, to help millions of children in Pakistan, India, Afghanistan, Nigeria and across the world get to school and enjoy learning. We are very touched by the support we have received, and, as Malala said to the United Nations:

“Let us wage a global struggle against illiteracy, poverty and terrorism and let us pick up our books and pens. They are our most powerful weapons. One child, one teacher, one pen and one book can change the world. Education is the only solution. Education First”.

Malala est notre choix comme personnalité de paix 2013 que nous soumettons à l’organisme 24h pour la paix avec lequel il nous fait plaisir de collaborer.

pj v-p

Ajout du 12 janvier, PJ:

Jeudi le 9, l’UQAM recevait en grande pompe madame Esther Brimmer, qui fut sous-secrétaire d’État américaine et directrice du Bureau des Organisations internationales au Département d’État américain jusqu’en juin 2013 : elle est maintenant professeure à la Elliott School of International Affairs de l’Université George Washington.

Pendant son mandat elle a activement participé à la rédaction de la nouvelle politique américaine aux Nations-Unies avec l’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU (2009-2013), Mme Susan Rice, et on lui doit davantage d’ouverture à la politique de non-prolifération nucléaire. Elle a parallèlement œuvré au sein de la délégation américaine au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Analyste reconnue des enjeux internationaux contemporains, sa présentation qui jonglait de façon virtuose avec tous les continents fut subtilement qualifiée de « magistrale » par le directeur de l’Institut d’Études Internationales de Montréal, le professeur Dorval Brunelle.

Mais le véritable test pour cette Afro-américaine au parcours scintillant a été «la question qui tue» posée par Peter Leuprecht, au parcours non moins impressionnant: il fut notamment directeur de l’IEIM et doyen de la faculté de droit de McGill, de 2000 à 2005 représentant spécial du Secrétaire général de l’ Organisation des Nations Unies pour les droits de l’homme au Cambodge et ancien Secrétaire général adjoint du Conseil de l’Europe. Il est actuellement directeur de l’Institut Robert Schuman pour l’Europe. Je signale sa conférence du mardi 28 janvier 2014 à 18h à la Salle des Boiseries (J-2805), au pavillon Judith-Jasmin, UQAM (405 rue Sainte-Catherine Est), métro Berri-UQAM, en présence de Jean-François Garneau, nouveau vice-président des Artistes pour la Paix. Je reviens à la question de Herr DoktorPeter Leuprecht, poliment enrobée de précautions oratoires et de compliments à l’adresse de Mme Brimmer: son intervention fustigea l’emploi des drones armés par le gouvernement américain au prix d’autour de quatre milliers de morts, y compris nombre de femmes et d’enfants, ce qui a pour effet de multiplier selon lui (et c’est logique) les adhérents à l’extrémisme terroriste d’Al-Qeyda. J’ai évidemment démarré la salve d’applaudissements accueillant cette courageuse et nécessaire question.

L’allocution de Madame Brimmer se référa deux fois aux « mesures impopulaires mais nécessaires que les gouvernements responsables doivent prendre », une phrase imprécise et lourde de sous-entendus venant d’une personne ne doutant pas de la première place mondiale occupée par les États-Unis d’Amérique, deux fois soulignée aussi dans son discours à teneur hégémonique (malgré ses références internationales). Sa brève non-réponse au Dr Leuprecht fut tout aussi décevante : « we’ll have to take the appropriate next steps ». Or quand un pays en brèche avec toutes les règles du droit international commet des crimes qui l’ont fait tomber dans un abîme, « what appropriate (!) next steps can it take??? »

Ajout du 16 janvier:

Heureusement, de courageux artistes américains ont réalisé un film sur ces horreurs, en lice pour l’Oscar du meilleur documentaire.

An amazing documentary, Dirty Wars, was nominated today for the 2014 Best Documentary Oscar. We at CCR (Civil constitutional rights – USA) could not be more thrilled. At times, it can be difficult to access information on our cases. Many news stories fail to capture the complex issues or human impact of our work. This film does both brilliantly. When we face challenges in the courtroom, our public education and media advocacy campaigns, which include documentaries such as Dirty Wars, help CCR to shape the public discourse and win in the court of public opinion.

Dirty Wars  follows CCR friend and award-winning journalist Jeremy Scahill, who worked with CCR in the past to expose abuses by military contractor Blackwater. In the film, Scahill investigates America’s covert wars from Afghanistan to Yemen, Somalia and beyond. The documentary includes an interview with CCR client Nasser al-Aulaqi, whom CCR represents in a lawsuit challenging the Obama administration’s “targeted killings” of three United States citizens, including his sixteen year-old grandson, in drone strikes in Yemen in 2011.