Ce titre nous est venu spontanément, suggéré par l’émouvante conférence de presse annoncée par Nathalie Courchesne et donnée hier devant …quatre journalistes. Jocelyne Bilodeau, directrice du Gésu, a ouvert naturellement ses portes à cette exposition et au concert qui suivra le 8 octobre, sans aucun désir de provocation, seulement avec une humanité souriante et un accueil pour des artistes profondément blessés mais forts, car rayonnant de leur art.

Gratteux de guitare

Serge Lavoie, porte-parole de ce collectif d’artistes de la Casa obscura, sans s’étendre sur un sujet qui se retrouvera en cour, explique que l’agression dont les artistes ont été victimes a lésé leur sens des valeurs. Contrairement à certains membres du Collectif contre la brutalité policière dont les marches annuelles finissent en violences déplorables de part et d’autre, pour lui dont le père a fait une carrière de trente ans dans la police, les policiers sont tout, sauf des chiens sales. Aussi évoque-t-il sa surprise et la meurtrissure à son amour de l’art, quand il y a un an, il s’est fait traiter de « gratteux de guitare et de mangeux de marde » dans une bousculade policière immortalisée par you tube : le cinéaste Pierre Letarte m’explique que ce vidéo ne s’y serait même pas retrouvé, sans l’insistance d’un journaliste, une semaine après l’incident! C’est pourquoi Serge veut « redonner ses lettres de noblesse à la musique ». D’ailleurs, depuis, Serge Lavoie a composé une musique qu’il rêve d’interpréter avec le directeur du Service de Police de la Ville de Montréal, Marc Parent, qui joue avec talent, paraît-il, du saxophone jazz. Son invitation à la chorale de la Fraternité des policiers est hélas restée sans réponse pour le moment. Poussé par des questions, il suggère trouver malheureux que chez les policiers existent environ 2% d’intolérants aux carrés rouges et à l’art, démontrant ainsi « une incompréhension du rôle de l’artiste dans la société ». Le spectacle monté pour le 8 octobre aura donc « simplement pour but de glorifier la musique, un art à respecter, même à la guitare »! D’où le choix assumé d’instrumentistes tels Forestare (merveilleux collectif de guitaristes), Ben Charest (les Triplettes de Belleville), Adamus, Urbain Desbois plus trois de nos artistes pour la paix préférés, le musicien Yves Desrosiers, l’animateur François Gourd et Emrical, qui exerce un rap militant sans guitare fort goûté par le travailleur social Didier et par leur compatriote, notre amie Michaëlle Jean. D’autres s’ajouteront…

Quant à la lumineuse exposition intitulée Résilience inaugurée hier, elle rassemble, grâce à Rudi Ochietti, 27 œuvres qui resteront accrochées jusqu’à lundi mardi soir prochain. Courez-y, rue Bleury un peu au sud de Ste-Catherine. On y trouve la plus jeune membre du nouveau conseil d’administration des Artistes pour la Paix, la photographe Valéry Latulippe, mais aussi à l’autre bout du spectre notre artiste pour la paix de 1993, Armand Vaillancourt, et deux œuvres de 1988, l’une de Claude Robinson et l’autre, « la Porte du Ciel »(voir l’image) de Serge Lemoyne dont la Casa obscura était l’atelier. On remarquera évidemment dans l’explicite une caricature hilarante de Serge Chapleau immortalisant l’incident, dont l’impression en couleur est offerte par le caricaturiste au groupe qui se nomme hardiment l’Amicale de la culture indépendante.

Exposition Résilience

Mercredi prochain, Claudette Carbonneau me recevra à La Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012,  appelée aussi Commision Ménard, pour entendre une version, celle des Artistes pour la Paix et d’un prof de l’UQAM, qui se retrouvera peut-être la semaine suivante à la télé, qui sait? Aujourd’hui, à l’Assemblée Nationale, il est prévu que le député de Québec Solidaire, Amir Khadir, lance un cri d’alarme pour faire réfléchir tous nos élus sur la dérive d’une société bien pensante (pas juste les policiers, certains chroniqueurs de droite, par exemple)  qui carburent à la détestation des plus démunis, des itinérants, des femmes immigrantes, des autochtones, des étudiants pauvres de l’UQAM et des artistes de la marge. Mon ami Amir, avec qui les Artistes pour la Paix ont si souvent marché lors des manifs des 22 du mois pendant le printemps érable, saura-t-il parler avec la même tendresse et la même retenue que l’Amicale?