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J’arrive d’un voyage de trois semaines en Argentine et au Chili qui a pris fin à Santiago, la capitale. Cet arrêt m’a rappelé un souvenir inoubliable que je tiens à partager avec les Artistes pour la Paix. En effet, la naissance originale, du Musée de la solidarité, est un point marquant dans mon chemin de vie d’artiste.

Rappelez-vous. En 1970, (je venais d’arriver au Québec pour une exposition à Montréal), parallèlement aux transformations économiques et sociales, le Chili amorçait de profonds changements dans le secteur culturel.

En mars 1971, afin qu’ils visitent le Chili, une invitation est faite aux artistes étrangers, peintres et sculpteurs, aux musiciens, aux intellectuels, aux hommes politiques, liés aux milieux de la gauche, pour que qu’ils prennent connaissance des changements impulsés par le nouveau gouvernement, et qu’ensuite, les artistes fassent part de leur expérience dans leur pays respectifs. L’idée de constituer une collection de solidarité avec le peuple chilien est pensée au cours de cette rencontre.

En deux ans, plus de 700 œuvres seront ainsi récoltées. Le musée sera inauguré pour la première fois le 17 mai 1972 à Santiago, en présence du président de la République Salvador Allende.

Quelques mois plus tard, le coup d’État met fin à l’expérience. Enfin, presque. Car un peu partout dans le monde, artistes et exilés chiliens se regroupent pour continuer la collecte des œuvres. Des Musées de la Résistance s’ouvrent dans plusieurs pays. Tous s’engagent à envoyer les pièces au Chili, une fois la démocratie rétablie. C’est chose faite en 1990. Le Museo de la Solidaridad renaît de ses cendres.

IMG_4432Le fait qu’aujourd’hui, le musée porte le nom de Salvador Allende et reprend son portrait comme logo pour les documents officiels qu’il produit n’est pas anodin. En s’adjoignant son nom, le musée de la résistance chilienne a souhaité, selon moi, s’inscrire dans la continuité du projet de société porté par Salvador Allende.

Vous savez, pour moi, les musées sont la mémoire d’un peuple. Donner une œuvre n’était pas un acte insignifiant pour les artistes, c’était un acte d’engagement. L’acte de donation est chargé d’une symbolique particulière. C’était une manière d’exprimer nos opinions, de participer, à notre échelle à la lutte, à l’Histoire en train de s’écrire.

Pour moi la proposition artistique a toujours été très liée aux questions sociales car je considère que l’art peut jouer un rôle primordial sur la conscience collective et que la peinture est un formidable outil de mémoire

Pour nous les artistes, la culture se doit d’être une arme de Paix au service de la non-violence.