– Damien Robitaille nous accompagne en chanson avec Astérix et Obélix ci-contre

-une réaction à un 2e article-poubelle de MacLean’s

– un commentaire sur « mononcle » Rozon au sourire coincé

– un article suggéré pour vos hebdos régionaux

– et Avaaz conteste avec vos signatures la loi 78.

On commence par le vrai sourire:

1- la chanson de Damien Robitaille dont les mots clefs sont « ras-le-bol, tintamarre et tapez sur vos casseroles »: une suggestion de Stéphane Laporte sur twitter.com/#!/laportestephane ou sur you tube.

2- MacLean’s, après nous avoir (non à tort?) qualifiés de province la plus corrompue, récidive en comparant la position des Québécois contestataires au Canada avec celle des Grecs en Europe. Bref, nous serions d’éternels B.S. paresseux et indisciplinés (et l’article a été écrit avant même que nous sortions nos casseroles de nos cuisines!) qui survivent grâce aux sables bitumineux que nous critiquons, comme les Grecs critiquent la riche et travaillante Allemagne d’Angela Merkel. Relevons le mépris fleurant le racisme sous-jacent à cette analyse, même si M. Patriquin est trop intelligent pour y succomber.

Incidemment, des analyses (des kilomètres!) écrites par les chroniqueurs financiers canadiens, américains et français (Nouvel Observateur, le Point, le Figaro magazine, l’Express) ciblent avec raison l’attitude suicidaire d’évasion fiscale du peuple grec, mais au lieu de blâmer la classe des millionnaires qui placent leurs avoirs dans des paradis fiscaux, dérapent sur la paresse et l’indiscipline des jeunes manifestants grecs. Il a fallu un paragraphe de Jacques Attali pour mettre le bobo là où il fallait: notre ami Mikis Theodorakis a changé en vain de parti (quatre fois au moins) pour protester contre le fait que les Grecs se dotaient par patriotisme d’une armée et d’équipements militaires très au-dessus de leurs moyens, comme les États-Unis et maintenant le Canada de Stephen Harper. Les communistes laissaient faire parce que les industries militaires créaient des milliers d’ouvriers prolétaires, le PASOQ et le parti conservateur se livraient une surenchère patriotique anti-turque en dépensant sans compter dans le militaire (ce qu’à la rigueur l’invasion de Chypre avait il y a longtemps jadis « justifié »). D’où la révolte de Mikis et du peuple grec qui ne font actuellement plus confiance ni aux partis, ni aux banques européennes dont les solutions passent toujours, comme le Fonds Monétaire International, par des coupures aux dépenses sociales, pas aux dépenses militaires…

3- « Vous nous voulez civilisés, nous vous savons barbares »

L’Afficheur hurle, Paul Chamberland, 1964 (lors des manifestations contre la guerre au Vietnam)

« Mononcle » G. Rozon, dont les enfants portent le carré rouge, a pris position pour la hausse des frais de scolarité et s’agite médiatiquement pour faire cesser « l’agitation étudiante » avant son Festival Juste pour Rire. Logique de la part de celui qui a invité sur le conseil d’administration du Conseil des Festivals Isabelle Hudon, pdg québécoise de Sun life Financial Canada, seule institution canadienne à financer Lockheed Martin ET Northrop Grumman (www.dontbankonthebombs.com ) : comme les lecteurs de ce site le savent déjà, ICAN ou International Coalition for the Abolition of Nuclear Weapons  cible ces deux compagnies américaines parce qu’elles fabriquent des bombes atomiques favorisées par le candidat républicain Mitt Romney (« Dieu a créé les États-Unis pour dominer le monde ») contre Barack Obama qui cherche à réduire les 76 milliards de $ annuels que les USA consacrent aux bombes nucléaires : rappelons que cinq milliards de $ suffiraient pour empêcher de mourir de soif ou de faim un enfant toutes les cinq secondes dans le monde (Jean Ziegler).

Lockheed Martin et Northrop Grumman fabriquent aussi les F-35, avions furtifs et agressifs sans aucune valeur défensive, dont la facture immorale et dangereuse pour la paix mondiale augmente, au Canada seulement, à 35 milliards de $ pour 65 avions. M. Harper cherche à les financer en augmentant l’âge de la retraite et en coupant l’aide internationale, l’assurance-chômage, les subventions à Radio-Canada, à l’Office National du Film et aux artistes.

Incidemment, Mme Hudon a aussi été choisie par le gouvernement libéral pour présider depuis quatre ans le C. A. de l’UQAM, pour appuyer les orientations de son recteur CONTRE les prises de position de ses étudiants (dont Gabriel Nadeau-Dubois) et de ses syndicats de professeurs, chargés de cours et employés.

Et nos éditorialistes comme notre bon maire s’étonnent de voir les gens de tous âges dans la rue avec des casseroles??? Quand on parle de démocratie de république de bananes avec généraux ou chefs de police au pouvoir, on dit qu’on exagère. Bien. Alors, qu’on m’explique pourquoi cette prise de position, comme toutes nos précédentes, sera censurée par tous les médias?

Pierre Jasmin
Vice-président des Artistes pour la Paix
Membre des exécutifs de Pugwash Canada et du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire
Professeur titulaire à l’UQAM
 www.artistespourlapaix.org

PS Contrairement à certaines allégations, cet article publié le 25 mai sur plusieurs tribunes (entre autres, Alternatives et les Ami-Es du Monde Diplomatique: merci!), n’était pas accompagné d’une demande de boycottage du festival Juste pour Rire: les Artistes pour la Paix sont en général opposés aux boycottages culturels. D’autant plus que les humoristes du groupe Rozon trouvent leur matériel en grande partie chez les gouvernements conservateurs Charest et Harper: les boycotter serait nous priver de leurs caricatures qui font du bien. Et si nous devions boycotter tous les produits d’entreprises dont les dirigeants sont favorables à la loi 78, nous marcherions tout nus et sous-alimentés, et nous ne regarderions plus la télé ni n’écouterions plus la radio…

4- Après la manifestation magnifique du 22 mai (un quart de million de manifestants dans la rue!), le gouvernement libéral se voit maintenant obligé de négocier. Le problème, c’est qu’il continue à se faire du capital politique en se prétendant défenseur de la paix et de l’ordre public. Cette prétention « pogne » dans les régions mal informées par des médias inadéquats: elles pourraient élire Jean Charest pour un quatrième mandat, ce qui serait un désastre pour le Québec. Habitant Magog, j’ai fait parvenir l’article suivant au Reflet du Lac, hebdo régional sympathique qui le publie sur son site. J’y ai fait référence à un autre « mononcle », notre député ayant voté la loi 78 avec des commentaires méprisants sur nos étudiants, l’ex-recteur de l’Université de Sherbrooke Pierre Reid. J’ai enlevé cette référence dans l’article ci-dessous pour que vous puissiez l’envoyer à votre hebdo régional, peu importe où au Québec, afin de rétablir les faitsMerci d’aider ainsi la démocratie.

Les rues de Chicoutimi, Gatineau, Montréal, Québec, Rimouski, Sherbrooke et Trois-Rivières retentissent de bruits de casseroles mais aussi hélas d’aboiements de chiens policiers, de hennissements de chevaux effrayés, de pas martiaux de policiers bottés et casqués scandant leurs boucliers de leurs matraques qu’ils lèvent ensuite sur des centaines d’adolescents révoltés mis en prison. Et les gens en régions s’inquiètent des violences de casseurs qu’ils perçoivent avec raison comme atteintes sauvages à la paix, mais assimilent à tort automatiquement aux étudiants.

Avec les Artistes pour la Paix (www.artistespourlapaix.org) dont je suis vice-président, j’ai participé à la manifestation du 22 mai, pour exprimer que la non-violence et la communication sont les seuls outils pour rétablir un climat de paix au Québec. J’ai été réconforté par la participation massive, généreuse et déterminée de 250 000 personnes, perçue comme un grand désir de paix ludique qui rend les gestes violents moins tentants, qu’ils soient du côté des manifestants désespérés ou des policiers exténués par leurs heures supplémentaires.

Les Artistes pour la Paix dénoncent avec les manifestants la loi 78 qui contrevient aux deux Chartes des droits et libertés, tant du Québec que du Canada et qui est dénoncée par le Barreau, par Amnistie internationale, par les casseroles, par les carrés rouges portés par Xavier Dolan à Cannes et par des manifestations jusqu’à Paris et Washington. Pourquoi une telle loi-matraque? Parce que le gouvernement libéral a attendu 90 jours pour rencontrer les quatre associations étudiantes et que le premier ministre Jean Charest refuse, après cent jours de manifestations, toute discussion avec elles! Et pourtant dès le 22 mars, 200 000 personnes étaient dans la rue pour dénoncer les 75% (puis 82%) d’augmentation décrétée unilatéralement par l’ex-ministre Beauchamp. Vous trouvez les étudiants violents, malpolis ou gâtés? Mais qui d’entre vous, lecteurs, assisterait passivement à une augmentation de 75% de son loyer (ou hypothèque) décrétée unilatéralement par un gouvernement qui refuserait même d’entendre ses protestations ou de recevoir ses représentants? Alors, qui menace la paix sociale? Les étudiants déjà assommés par la taxe individuelle supplémentaire de 200$ en frais de santé annuels (même somme demandée aux millionnaires) ou le gouvernement qui l’a décrétée?

À titre de professeur titulaire de l’UQAM, je dénonce une loi qui s’ingère dans la gestion des universités en donnant à la ministre Courchesne des pouvoirs dictatoriaux (voir article 9), sans  commencer à corriger les effets les plus pervers de cette gestion, par exemples
– les dérives coûteuses de l’Université de Sherbrooke à Longueuil ou de l’UQAR à Lévis,
– les dépenses publicitaires des universités rivales,
– les duplications de programmes mal gérés par le Ministère de l’Éducation à la bureaucratie tentaculaire,
– l’existence (contestée dès les années soixante par la Commission Rioux) des Conservatoires de musique à la mission rétrograde d’une musique classique gardée hors de contact avec la musique populaire et à la gestion terriblement onéreuse, confiée en dépit de toute logique, au Ministère de la Culture.

À titre de syndiqué CSN, je réclame la convocation immédiate d’États généraux sur l’université québécoise et le gel des droits de scolarité, en attendant la conclusion de ces États généraux réclamés en vain depuis 2009 par la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université. Seul un tel instrument démocratique permettrait d’y voir clair dans les dépenses utiles et nécessaires pour l’éducation supérieure, éliminant par exemple le gaspillage des recteurs (avion première classe de la rectrice de McGill vers le Brésil, primes de séparation accordées par Concordia à des vice-recteurs, etc…).

À titre de musicien, me plaisent assez les rythmes percussifs des casseroles et le sourire des musiciens en herbe!

5- La loi 78 a été contestée en cour le 25 mai par l’action commune des associations étudiantes et professorales appuyées par plus d’une centaine de groupes communautaires et par les grands syndicats. Nos lecteurs peuvent la contester par le lien ci-dessous:

https://secure.avaaz.org/fr/quebec_protests/?azhluab&s=1

On peut aussi endosser les deux pétitions suivantes sur le site de l’Assemblée Nationale:

1ère Pétition : Droit de grève aux associations étudiantes
NB toutefois l’avis ci-dessous du Comité légal de la CLASSE: une pétition de l’Assemblée nationale circule pour réclamer le droit de grève et son encadrement pour les associations étudiantes. Nous vous invitons à NE PAS LA SIGNER. Encadrer le droit à la grève c’est dangereux puisque le gouvernement peut choisir comment l’encadrer et le faire à son avantage. Notre grève en ce moment est légale et on peut la faire puisqu’elle n’est pas encadrée par une loi. La grève c’est politique, pas juridique! Ne laissons pas le gouvernement choisir pour nous comment faire la grève!https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-3099/index.html

2e Pétition: Demande d’enquête publique sur les plans stratégiques et les interventions des forces policières lors de la grève étudiante

https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-3047/index.html