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Bernard Landry et Ted Moses

L’ancien Premier ministre Bernard Landry nous a quittés mardi le 6 novembre. À l’artiste Chantal Renaud, qu’après la mort de sa femme, mère de ses trois enfants, il avait choisie entre toutes, les Artistes pour la Paix offrent leurs condoléances émues.

Paul Piché a souligné avec justesse la grande contribution de M. Landry qui a signé la Paix des Braves avec la nation Crie. Il fallait un homme politique à la langue non fourchue et à l’écoute aiguisée (audi alteram partem) pour convaincre Matthew Coon-Come et Ted Moses, son prédécesseur à la tête des Cris, d’accomplir avec lui cette grande réalisation de paix. Seul un patriote ouvert sur le monde pouvait imposer à son parti nationaliste une telle alliance non chauvine. Selon Piché, Landry fut le premier de nos politiciens à comprendre l’importance de l’enjeu environnemental.

Pourquoi ne pas rebaptiser la rue Sherbrooke en avenue de la Paix des Braves (je suis sûr que le Musée des Beaux-Arts de Montréal aux nombreuses initiatives de paix serait d’accord) et la rue Amherst en rue Bernard-Landry ? Permettant le déblocage de la Convention de la Baie James de Robert Bourassa, la Paix des Braves négociée par Bernard Landry a livré, malgré certains inconvénients écologiques, les fruits d’une richesse hydro-électrique unique au monde et qui plus est, partagée : les Innus dirigés par Ghislain Picard ne demandaient pas autre chose pour leur projet de développement éolien et solaire de 200 mégawatts appelé Apuiat, compromis par la démission de deux membres du C.A. d’Hydro-Québec, vu l’intransigeance du gouvernement caquiste.

Notre richesse hydroélectrique est à l’origine de la déclaration à mes yeux la plus importante (et la plus étonnante) du premier ministre Legault depuis son accession au pouvoir : le matin-même de la mort de Landry qu’il ignorait encore, François Legault a incité le Premier ministre Doug Ford d’Ontario à renoncer au rafistolage de ses centrales nucléaires (dont les poisons menacent l’eau potable des Québécois, tant le Saint-Laurent que la rivière des Outaouais), pour s’ouvrir plutôt aux importations d’électricité du Québec, moins dangereuses et moins onéreuses dont il a offert de négocier des taux avantageux pour un nombre x d’années. Le même jour, ô synchronicité !, la gazière albertaine Questerre s’est adressée aux tribunaux pour remettre en question l’interdiction de la fracturation hydraulique et de ses poisons, décrétée par le gouvernement libéral. Deux nouvelles guère reprises par nos médias, à suivre, donc, et la marche écologique du samedi 10 novembre menée par Dominic Champagne à Montréal prend une importance stratégique importante.