gentilly1

Le réacteur Gentilly-1

Texte initialement publié par la Presse canadienne

Des groupes de citoyens et des chefs autochtones craignent que l’absence d’une véritable politique en matière de gestion des déchets nucléaires ne nuise au démantèlement du réacteur Gentilly-1 à Bécancour.

« On ne veut pas que le Canada se retrouve parsemé de petits dépotoirs nucléaires à chaque endroit où il va y avoir eu un réacteur nucléaire au cours des années », a expliqué le porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive, Gilles Provost, en conférence de presse mardi.

Il était accompagné de représentants de la Canadian Law Environmental Association, d’un groupe de citoyens du comté de Renfrew en Ontario et du Regroupement pour la surveillance nucléaire.

« La politique-cadre du gouvernement canadien pour le nucléaire est pathétique, s’est exclamé le président du Regroupement pour la surveillance nucléaire, le Dr Gordon Edwards. Elle compte 273 mots et une liste qui équivaut à quatre gazouillis sur Twitter. »

Ces groupes prévoient manifester à Ottawa mercredi, alors que la Commission de sûreté nucléaire entendra la mise à jour des Laboratoires nucléaires canadiens (LNC), un consortium d’entreprises mandatées par le gouvernement fédéral pour se débarrasser de quatre réacteurs nucléaires qui ne sont plus en fonction.

L’un de ces réacteurs est le Whiteshell-1 situé près de la rivière Winnipeg au Manitoba. Les LNC proposent maintenant de couler du béton autour du réacteur et de l’enfouir au lieu de procéder au démantèlement et à la démolition comme il était initialement prévu. Cette méthode ne permet pas de contenir les déchets radioactifs de façon sécuritaire à très long terme, selon le Ralliement contre la pollution radioactive.

« Il faut des solutions durables, des solutions sécuritaires qui vont l’être pas juste pour nous, mais pour les générations futures, a plaidé M. Provost. Ce ne sont pas des choses qui vont disparaître dans 100 ans, dans 200 ans ou dans 300 ans. »

Ces citoyens craignent que ce projet, s’il est approuvé, ne crée un précédent et soit également envisagé pour le déclassement du réacteur nucléaire Gentilly-1 à Bécancour qui se trouve en bordure du fleuve Saint-Laurent.

Ils s’opposent à l’aménagement de sites de déchets nucléaires près de cours d’eau et accusent les LNC de promouvoir la solution la moins coûteuse. Ils citent en exemple le projet de dépotoir nucléaire de Chalk River en Ontario qui pourrait être aménagé près de la rivière des Outaouais.

Ils demandent donc au gouvernement fédéral d’élaborer une politique « contraignante » en matière de gestion des déchets nucléaires en consultation avec la population et les peuples autochtones. Entre-temps, ils estiment que le Canada devrait tout simplement cesser la production de ces déchets nucléaires.

Ces citoyens demandent également au vérificateur général, dans une lettre, d’effectuer une évaluation de la gestion des déchets nucléaires au pays et des fonds publics qui y sont consacrés.

Un nouvel Énergie Est ?

Ces groupes émettent des doutes sur les méthodes de la Commission de sûreté nucléaire qui rappellent la façon dont le projet d’oléoduc Énergie Est avait été traité par l’Office national de l’énergie. Les francophones affirment avoir de la difficulté à obtenir des documents en français et mettent en doute l’impartialité du régulateur.

« La Commission travaille jour après jour à discuter avec Énergie atomique du Canada et les LNC, donc c’est certain qu’ils n’ont pas le recul », a avancé M. Provost.

Au moment d’écrire ces lignes, la Commission de sûreté nucléaire n’avait pas répondu aux questions de La Presse canadienne.

Un porte-parole des LNC, quant à lui, a indiqué dans un courriel que l’étude du déclassement de Gentilly-1 ne fait que commencer et qu’aucune décision n’a été prise. Il a également fait valoir que le dépôt de déchets nucléaires de Chalk River ne poserait pas de risque pour l’eau potable puisée dans la rivière des Outaouais puisqu’il serait sous étroite surveillance durant des centaines d’années.