Avec ma reconnaissance à M. Chris Westdal. P.J.

Natoland

Voici comment a intitulé son opinion d’hier dans HillTimes un ami de Pugwash Canada [1] régulièrement invité à nos réunions, à titre d’ex-Ambassadeur du Canada en Ukraine (1996-1998), aux Nations Unies à Genève (1999-2003) et en Russie (2003-2006). J’espère ne pas trahir sa pensée en adaptant ma traduction selon mon habitude d’interprète :

 

En étant présent à Varsovie, Trudeau répondra à des questions difficiles que son gouvernement a évitées jusqu’à présent [2]. Le présent Sommet de l’OTAN [3] a lieu en Pologne dans un temps de fièvres politiques :

  • Anakonda 2016 déroule les présentes opérations de l’OTAN, le plus grand JEU DE GUERRE depuis la guerre froide.
  • BREXIT vient d’ébranler l’unité européenne, même si David Cameron va jurer que la Grande-Bretagne ne quitte pas l’OTAN [mais si l’Écosse refait son référendum pour garder ses liens avec l’Europe et qu’il est gagnant, l’Écosse a l’intention d’expulser les sous-marins nucléaires britanniques qui n’ont aucun autre port en eaux profondes capable de leur offrir le gîte et cela ne se construit pas, à moins d’investissements de dizaines de milliards de livres sterling].
  • L’OTAN a toujours pour projets insensés d’inciter la Géorgie et l’Ukraine à se joindre, ce que le Canada de Harper encourageait.
  • L’OTAN reproche encore au Canada de ne dépenser que la moitié du budget énorme qu’elle requiert arbitrairement.
  • L’OTAN encourage la construction d’un bouclier antimissiles [4] en Roumanie et en Pologne dont « l’utilité » n’est évidemment pas de contrer les missiles iraniens et chinois et que le président Poutine accuse de « miner une parité militaire régionale bâtie au cours des deux dernières décennies ».

 

On ne parle plus du Donbass [5]. Lorsqu’on renforce les capacités militaires de l’OTAN à côté des frontières russes [6], NOUS JOUONS AVEC LE FEU. Et lorsqu’on bousille la perception de la sécurité nucléaire du Kremlin, ON JOUE AVEC L’ANÉANTISSEMENT DU MONDE.

Car l’OTAN n’est pas un club de tricot. C’est une alliance militaire, congénitalement russophobe, qui avance par bonds. Imaginons à l’inverse que la Russie implante ses forces à Cuba et en Jamaïque, fasse ses jeux de bataille navale à quelques kilomètres de nos côtes [le Canada a décidé d’envoyer en mer Baltique une de ses frégates armées], nos médias présenteraient-ils la chose en utilisant le mot défense à profusion et en évitant les mots provocation et guerre froide ? Pourquoi en six mois de mandat, notre ministre des Affaires mondiales n’a pas trouvé une seule minute pour rencontrer son ministre homologue russe Sergei Lavrov?

Justin Trudeau vient en outre de réaffirmer l’engagement militaire contreproductif du Canada en Afghanistan. À quel jeu militariste pathétique et dangereux joue-t-il, ce grand ami du côté non givré d’Obama ?


[1] Organisme à l’exécutif duquel je siège; j’ai souvent eu le plaisir de m’entretenir avec Chris, qui quoique diplomate, a une voix affirmée et une éloquence redoutable au service d’un franc-parler!

[2] On consultera sur notre site plus tard en août notre mémoire adressé au ministère de la Défense qu’un CA va discuter le 11 juillet. On devrait y trouver cinq chapitres, dont un traite exclusivement du militarisme dangereux et coûteux de l’OTAN.

[3] Les Artistes pour la Paix ont demandé au Canada de se retirer de l’OTAN au profit d’opérations de l’ONU dès la dissolution du Pacte de Varsovie démantelé par le chef du praesidium soviétique russe, Mikhaïl Gorbatchev, au début des années 90.

[4] Une absurdité militaro-industrielle qui a déjà englouti quarante milliards de $ sans résultat qui a fait l’objet d’une dénonciation en règle des APLP dans une lettre adressée en 2014 au ministre de la Défense http://www.artistespourlapaix.org/?p=10855

[5] Déposition expéditive d’un gouvernement élu favorable à la Russie, affrontements entre nationalistes ukrainiens et russophones de l’Est de l’Ukraine et annexion de la Crimée par la Russie pour y faire valoir ses droits ancestraux, ont donné lieu à une lecture idéologique des événements qui sert actuellement de prétexte à une avancée militariste de l’OTAN en Europe de l’Est, profitant de la résurgence de pensées néonazies dans la région.

[6] Rappelons que la Russie a un passé marqué par les invasions successivement mongoles, teutonnes, françaises (Napoléon), alliées (armée blanche post 1918) puis nazies (plus de vingt millions de morts en URSS dans la guerre 39-45). Sans minimiser l’inquiétude causée par le régime autoritaire de M. Poutine et sans oublier ni la Hongrie (1956), ni le Mur de Berlin (1961-1989), ni la Tchécoslovaquie (1968), la politique agressive actuelle et récente de l’OTAN nous inquiète davantage que la Russie qui s’était avec bonne volonté intégrée au G8.

Trudeau in NATOland

By Chris Westdal
Friday, July 8, 2016 8:38 AM

If we have anything to say, anything to contribute beyond a largely symbolic military gesture, any vision of Eurasian security to offer and help fulfil, now is the time.

 

The NATO Summit in Warsaw this week is a major test of Canadian strategic security policy, our role in NATO, and our relations with Russia. In Warsaw, the Prime Minister will have to answer hard questions his government has so far, by and large, avoided.

The Summit takes place against a now fevered background; with Anakonda 2016 underway — NATO’s largest war game since the Cold War — with Brexit having just dealt a body blow to Western unity, with Turkey busy reconciling with Russia, and with both the East and West provoked.

The Kremlin is naturally gratified by all the EU’s crises, particularly now with the trans-Atlantic link shaken, and US/UK relations not so “special” anymore. At the Summit, NATO leaders will of course emphasize that the UK is quitting the EU, not NATO. David Cameron will be there to swear that Britain is steadfast. It’s a diminished Britain, though, less Great these days — and looking like it might fall apart. Behind the brave faces and bluster, NATO leaders know that the West has been weakened.

At Warsaw, Canada’s centrepiece will be our agreement to lead one of four new battalions — but we’ll also need to say something about our military spending (1 per cent of our GDP, half of what NATO has asked for); about our vision of Eurasian security and what we’ll do, bilaterally and multilaterally, to fulfil it; and about the size of NATO, especially whether we still advocate, as our last government did, that Ukraine and Georgia join.

We will also be taking a stand on missile defence, including those new anti-ballistic missile (ABM) sites in Romania and Poland which are obviously not sited to deal with a threat from Iran — and which President Putin says are “undermining a military parity that has formed over decades.” This isn’t about the Donbass any more. When we take “measured” steps to reinforce NATO’s conventional military capacities near Russia’s borders, we play with fire. When we mess with Russia’s perception of its nuclear security, though, we play with extinction.

So, what should Canada do?

Above all, recognize that for the Kremlin, NATO’s reinforcement and new ABM sites on Russia’s doorstep are inevitably provocative. NATO is not a knitting club. It is a nuclear-armed, congenitally Russo-phobic military alliance that’s been growing by leaps and bounds. Turn the tables in your mind; think back to the Cuban missile crisis that took us to the brink of nuclear war; or imagine Washington’s likely reaction to new Russian ABM sites in Mexico or on Prince Edward Island; or Russian naval war games just off Norfolk. “Provoked” would be the least of it.

Understand too that our armed forces are no material deterrent to Russia. What the Kremlin finds scary in NATO is the vast arsenal of the USA. The deployment of our modest forces has much more political than military significance. We gain credit in Washington and Brussels. More broadly, though — unless we complement our military gesture with active diplomacy in a quest for better relations with Russia — Canadian deployment will be seen as more of the same (as in the Balkans, Afghanistan and Libya) from a stalwart NATO ally.

Defence Minister Harjit Sajjan gets the point. He says the work underway “behind the scenes” to re-establish a NATO dialogue with Russia “really is the most critical piece … We need to make sure the tensions are reduced because it doesn’t help anybody.”

To that end, whatever we’ve been doing multilaterally — at NATO and the OSCE — we haven’t yet done much at all bilaterally. Far from “cozying up” to the Kremlin, as Conservative critics keep claiming, we’ve been steering quite clear of Moscow. Six months into his mandate, notably, Global Affairs Minister Stéphane Dion has yet to meet with his Russian counterpart, Sergei Lavrov.

If we have anything to say, anything to contribute beyond a largely symbolic military gesture, any vision of Eurasian security to offer and help fulfil, now is the time.